Sa construction devrait améliorer les eaux de l’Eisch et de la Moselle, la station d’épuration transfrontalière devrait être opérationnelle fin 2020.
Le chantier de construction de la nouvelle station d’épuration transfrontalière de Steinfort prend forme, comme ont pu le constater mercredi la présidente d’Idélux Eau, Stéphanie Heyden, et le président du Sidero, Abby Toussaint, les deux syndicats des eaux installés de part et d’autre de la frontière. Construite à la limite de la Belgique et du Grand-Duché (« en territoire belge », souligne le site internet de la commune d’Arlon) et desservie par un réseau de collecte de plusieurs kilomètres, la station d’épuration est adaptée pour traiter les rejets de 15 600 habitants. Elle aura un impact sur la qualité des eaux de l’Eisch et en aval sur celles de la Moselle, actuellement souvent décriées.
Cet objectif est crucial puisque la Commission européenne a déjà pointé du doigt la mauvaise qualité des eaux de surface au Luxembourg. Au niveau de la Grande Région, «l’amélioration de la qualité de l’eau du sous-bassin hydrographique de la Moselle passe par la réalisation de plusieurs projets sur les communes belges d’Arlon et d’Attert, le plus ambitieux étant la construction de collecteurs et d’une station d’épuration transfrontalière à Steinfort. L’investissement de 16,5 millions d’euros a été présenté avec succès à l’éligibilité des fonds Feder (Fonds européens de développement régional) dans le cadre du programme Interreg Grande Région et bénéficie d’un apport financier de 37 % par l’Europe», explique dans un communiqué de presse Interreg Grande Région.
Les anciennes stations devenues vétustes
Ces travaux sont aussi cofinancés par le Fonds pour la gestion de l’eau pour le Grand-Duché de Luxembourg et par la SPGE pour la région wallonne.
La future station d’épuration, située à proximité du poste frontière de Steinfort, remplacera les stations d’épuration de Sélange (Belgique), Clemency, Grass et de Steinfort devenues trop vétustes et trop petites.
«Fonctionnant sur le principe des boues activées, l’épuration sera complétée par un traitement tertiaire de l’azote et du phosphore pour permettre de répondre aux normes de rejets les plus strictes. Les boues d’épuration seront centrifugées et chaulées sur place avant de rejoindre leur filière de valorisation. Pour réduire les nuisances, un bâtiment abritera les parties les plus bruyantes du process avec traitement de désodorisation de l’air avant remise à l’atmosphère», explique également le communiqué.
Des panneaux photovoltaïques seront placés sur les toits des bâtiments ainsi que des récupérateurs de chaleur sur les groupes surpresseurs d’aération pour le chauffage des bâtiments.
Les travaux de bétonnage des bassins épuratoires sont presque terminés et actuellement l’entrepreneur Socogetra – CMI – Exelio (société momentanée) est en train de réaliser les terrassements pour les bâtiments de service et pour la réalisation du collecteur Nord. Cette nouvelle station devrait être pleinement opérationnelle en octobre 2020. Le collecteur Sud reliant Clemency et Sélange via Grass et Sterpenich à la nouvelle station est en construction.
LQ
Course contre la montre pour être en conformité
Actuellement, le Luxembourg manque de stations d’épuration, ce qui se ressent dans la qualité des cours d’eau de surface, un problème notamment lié à la croissance de la population effrénée. La Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs (FLPS) monte régulièrement au créneau pour dénoncer ce phénomène. Le pays avait d’ailleurs été condamné fin 2013 pour «traitement insatisfaisant des eaux urbaines résiduaires» par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Depuis, toutes les stations d’épuration des grandes villes ont été mises en conformité. Dans les plus petites villes et villages, des constructions ou modernisations des équipements sont en cours ou en projet à travers tout le pays. Une course contre la montre est engagée pour que le pays soit enfin en conformité avec les normes européennes d’ici 2027.