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En haut de la colline, à Pétange


La vue sur Pétange, quand on grimpe sur la colline. (photo Didier Sylvestre)

La commune poursuit ses visites mensuelles pour faire aimer Pétange. Lundi, le biologiste Chris Bernard emmènera les marcheurs sur la colline du Hierschberg. Une beauté inattendue !

Petit, il rêvait de vivre sur la colline de l’automne. « Je l’observais depuis la fenêtre de ma chambre », glisse Chris Bernard. Dans le regard du gamin de Pétange, les 395 m du Hierschbierg (Hiersch : automne) se dessinaient comme un mont ténébreux. « En hiver, on perd un demi-degré en haut. Il y avait encore de la neige pour prolonger nos jeux.» Le professeur de biologie a accompli son rêve. Il vit désormais au pied du Hierschbierg et monte régulièrement les 125 m de côtes pour atteindre le sommet. Une vue surprenante s’offre au visiteur : d’un côté la Belgique, de l’autre le bassin de la Chiers, dégagé jusqu’à Dudelange. « La forêt en contrebas retient l’humidité, d’où une vue toujours très nette.»

Ce coin, d’une beauté inattendue, n’a pas toujours eu bonne réputation. Jusque dans les années 70, Belges et Luxembourgeois y tenaient une décharge à ciel ouvert. « Tout cela a été rebouché avec les moyens de l’époque, explique Chris. Entretemps, la nature a repris ses droits.» Le spécialiste des écosystèmes estime que les séquelles sont encore présentes. « Sans compter les opérations de sylviculture ratées d’après-guerre… Que du sapin, une essence qui pousse vite, ou du hêtre, une essence qui mange la lumière indispensable aux autres variétés.»

Une promenade passionnante

En attendant que le temps fasse son œuvre, le Hierschberg est une promenade passionnante. Le professeur organisera d’ailleurs une visite lundi, à 18h30. Nombres de Pétangeois ou d’habitants des environs seront surpris par la beauté de la balade, à deux pas de la E44 empruntée par les frontaliers.

Ici, tout n’est que calme et douceur. Un vent frais caresse le visage, « dû au couloir d’air formé par les deux collines de Pétange : le Titelberg d’un côté, le Hierschberg de l’autre ». Le Hierschberg apparaît banal face au Titelberg, berceau des premiers Celtes de la région. Mais le professeur de biologie sait faire parler la nature. « La terre d’argile, un peu plus rouge à cause du fer, est d’une qualité remarquable. Elle retient correctement l’eau et permet à de nombreuses variétés de se développer.»

Chêne, hêtre, noisetier, peuplier, platane… En une cinquantaine d’années, une certaine biodiversité s’est développée. Chris en profite pour donner quelques conseils de base. Dont un que les écoliers retiendront. Pour s’assurer d’avoir affaire à un hêtre quand on ne voit pas les feuilles, il faut regarder la texture du tronc. « Si de fines lignes se dessinent, comme sur une feuille pour écrire, c’est un hêtre.» On pourra pousser l’observation plus loin. La plupart des arbres du Hierschberg ont des racines qui ressortent nettement. « C’est pour éviter un surplus d’humidité, explique Chris. L’inclinaison des racines joue le rôle de rigoles, pour évacuer l’eau le plus loin possible du tronc.» La nature s’adapte à tout !

Au loin, avec un peu d’imagination, la mer…

La colline du Hierschbierg n’est pas classée pour le moment. Elle reste d’ailleurs traversée par le chemin qui permettait aux camions de déposer les ordures derrière le sommet… mais les responsables de l’environnement luxembourgeois pourraient s’intéresser au dossier. Tout d’abord, la colline alimente en eau la prairie humide de Bacharage, qui elle est classée. Par ailleurs, la colline se situe sur le sentier de grande randonnée des Trois Frontières, le GR 570. C’est dire si les marcheurs la considèrent comme jolie !

Un dernier exercice permettra de prendre encore de la hauteur. Une fois au sommet, il faut s’imaginer que la colline s’est formée il y a 180 millions d’années, 50 millions d’années avant celle du Titelberg. Et qu’à la place des maisons de Pétange, Differdange et Longwy que l’on voit au loin, il y avait la mer. « Des squelettes de poissons avaient été retrouvés lors du tracé du rail entre Pétange et Luxembourg », sourit Chris Bernard. Le voyage est complet, on est pourtant resté près de chez soi…

Hubert Gamelon

Lundi, 18h30, Pétange, croisement rue Bel-Air/rue des Alliés.
Renseignements par tél. au 621 98 92 86.

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