Ça y est : la troisième ville du pays dispose de son lycée. Lundi, l’école internationale de Differdange, avec son cursus du primaire jusqu’au bac, a célébré en grande pompe sa première rentrée.
Non, pour cette première rentrée de l’école internationale de Differdange (EIDD), il n’y a pas eu beaucoup de pleurs! On ressentait par contre la joie – l’allégresse même – de tous ceux qui ont porté le projet de créer à Differdange (56 % de résidents étrangers) une offre scolaire digne de ce nom.
Comment expliquer que, jusqu’à présent, Differdange, tout de même la troisième ville la plus peuplée du Grand-Duché (la barre des 25 000 habitants a été franchie il y a quelques semaines), ne pouvait pas compter sur son territoire le moindre lycée? On ne le peut pas, c’est incompréhensible.
L’ouverture très officielle des premières classes de son école internationale est donc un véritable évènement. «Enfin! C’est le premier mot qui me vient à l’esprit», a relevé le député-maire Roberto Traversini. «Il était anormal que les jeunes de la commune soient contraints de prendre le bus tous les jours pour aller à l’école dans une autre commune», a-t-il poursuivi.
Pour l’instant, l’école internationale est dans une phase transitoire. Et pour cause, le campus définitif de l’EIDD ne devrait être inauguré qu’en 2020, dans le nouveau quartier Arboria de Differdange, à la place de l’ancien centre de recyclage et de la tour Hadir, notamment. Il pourra alors accueillir 1 400 enfants et adolescents.
Aujourd’hui, les salles de classe provisoires sont installées sur deux sites. L’école primaire a investi l’ancienne école ménagère à Differdange. Quatre salles sont ouvertes dans le bâtiment et deux autres dans des conteneurs tout juste mis en place dans la cour. Les lycéens, eux, ont pris possession de l’ancien centre de formation d’ArcelorMittal, le Léierbud , rue Émile-Marck, toujours à Differdange.
«On aurait pu attendre 2020 et l’inauguration du nouveau campus pour ouvrir l’école internationale, mais le besoin d’une école multilingue dans un environnement multiculturel était trop fort», a admis Gérard Zens, le directeur de l’EIDD. De fait, les sections francophones ont tout de suite fait le plein, alors qu’il ne reste que peu de places disponibles dans les filières anglophones.
Ouverte ostensiblement sur l’Europe, l’EIDD n’est pourtant pas une école réservée aux étrangers. Claude Meisch, le ministre de l’Éducation nationale et ancien bourgmestre de Differdange, a ainsi précisé que si les 142 premiers inscrits représentaient 31 pays, 20 % d’entre eux détenaient la nationalité luxembourgeoise, «un taux plus élevé que dans beaucoup d’écoles fondamentales de la région».
L’EIDD n’a d’ailleurs pas vocation à accueillir les enfants des fonctionnaires européens, les écoles européennes de Luxembourg et de Mamer sont là pour ça. Les élèves visés sont ici ceux qui sont désavantagés par le système luxembourgeois. «Je suis persuadé que nos écoles sont bonnes, mais elles ne le sont peut-être pas pour tous les élèves », a reconnu Claude Meisch. « Celle-ci ne sera pas meilleure que les autres, mais elle sera plus adaptée à certains élèves. Elle contribuera donc au perfectionnement de notre système scolaire.»
Il ajoute : «L’EIDD est l’expression de la volonté du gouvernement de mieux adapter l’offre scolaire aux élèves selon leur langue maternelle, leur origine et leur biographie.»
Deux caractéristiques distinguent l’EIDD des écoles européennes de la métropole luxembourgeoise. D’une part, elle est agréée par le ministère de l’Éducation nationale. «Il s’agit d’une école publique financée par le budget de l’État, elle est donc gratuite pour tous les élèves», a avancé Claude Meisch. D’autre part, cette école offrira l’enseignement de la langue luxembourgeoise à tous les niveaux, du primaire jusqu’au bac européen, «ce qui permettra un renforcement de la cohésion du pays», selon le ministre.
L’EIDD est la 14e école européenne à voir le jour et il en existe dans sept pays. En tout, 27 000 élèves les fréquentent. Le secrétaire général des écoles européennes, Kari Kivinen, a d’ailleurs chaudement félicité les porteurs du projet pour «le caractère exemplaire de la préparation du dossier».
Toula Vassilacou, la directrice de l’école européenne 1, au Kirchberg, qui est l’école marraine de Differdange, a loué de son côté «le respect pour les nouveaux arrivants et pour ceux pour qui le système luxembourgeois n’est pas adapté», moteur de la création de l’EIDD. «Elle montre une conscience sociale de très haut niveau, malgré le coût élevé [d’une telle initiative]» a-t-elle ajouté. Bref, un véritable concert de louanges qui n’était certainement pas volé.
Erwan Nonet
142
C’est le nombre d’élèves qui se sont installés, lundi, pour la première fois, dans les salles de classe de l’école internationale de Differdange.
Parmi eux, 48 sont en première année du primaire, les autres sont en première année du secondaire. Environ un tiers de ces élèves sont inscrits dans la filière anglophone, les autres suivent un cursus dont la langue principale est le français.
Ils sont encadrés par 25 instituteurs. La moitié des enseignants vient du système luxembourgeois classique, les autres sont des locuteurs natifs qui ont déjà exercé dans différentes écoles européennes.