La procession dansante aurait dû se tenir mardi. Elle a été annulée pour la seconde année consécutive. Tout comme l’inauguration d’une sculpture rendant hommage à cette tradition. Son emplacement pose problème.
Comme si l’annulation, bien en amont, de la procession dansante ne suffisait pas à chagriner les esprits à Echternach – une messe s’est toutefois tenue et de la musique a été jouée – un sujet de consolation a dû en outre être retiré au dernier moment aux adeptes de cette tradition. Il s’agit de l’érection d’une sculpture en lien avec elle qui aurait dû être inaugurée mardi. En cause, son emplacement : la porte Saint-Willibrord.
Le premier échevin d’Echternach, Ben Scheuer (LSAP), explique les tenants et aboutissants de ce projet : «Cette sculpture de bronze figurait dans le budget 2021. Le collège échevinal a donc chargé une artiste de réaliser ce projet de sculpture concernant la procession dansante. Lorsque la sculpture a été prête, on a trouvé cet emplacement, dit « Vulpert », car l’objectif était d’intégrer procession et sculpture dans la ville.»
Mais rien ne s’est passé comme prévu : une question parlementaire, posée juste en amont à la ministre de la Culture, par la députée-conseillère communale d’Echternach Carole Hartmann (DP) et le député André Bauler, et dont le caractère urgent a été reconnu, a eu pour conséquence que l’inauguration prévue hier est tombée à l’eau.
Une décision dans deux à trois semaines
La commune avait pourtant entamé les démarches dans les règles, selon Ben Scheuer : «Nous avons demandé au Service des sites et monuments nationaux (SSMN) si l’emplacement dit « Vulpert » (Porte Saint Willibrord), en face de la basilique, classée monument national, était adéquat. Il nous a été répondu que la Commission des sites et monuments nationaux (Cosimo) allait rendre un avis. Cette décision devrait être prise d’ici deux à trois semaines et on sera alors fixé sur l’emplacement de la sculpture. En soi, le SSMN n’a aucun problème avec la sculpture, et il la trouve d’ailleurs très jolie. Et puis, si cet emplacement-là est refusé, on en trouvera un autre, mais en ville.»
Le premier échevin d’Echternach est étonné : il ne pensait pas qu’«il y aurait autant de problèmes pour ériger une sculpture. Et je ne pense pas que Madame Tanson aurait aussi autant de problèmes avec cette sculpture, mais elle a demandé un avis à la Cosimo, justement à cause de cette question parlementaire.»
Du côté de l’opposition et plus précisément de Carole Hartmann (DP), on a bien évidemment un autre avis sur la question : «Nous étions au courant de ce projet de sculpture, car il était budgétisé dans le budget 2021 de la ville, mais à part cette information-là, on n’en savait pas plus. Il y a seulement deux semaines, le bourgmestre (Yves Wengler, CSV) nous a annoncé, en conseil communal, qu’il y aurait l’inauguration de ce monument en bronze ce mardi a priori. Jusqu’à aujourd’hui, je ne savais pas à quoi elle devait ressembler et n’ai seulement pu voir des photos que grâce à des collègues de la majorité. Car cette sculpture n’a pas été plus discutée que cela», explique Carole Hartmann.
Opposition «sur la forme, pas sur le fond»
Ce sont des habitants qui ont alerté la conseillère communale sur l’endroit où devait être érigée la statue, car la basilique et le site sont protégés. «Je me suis alors rendue sur place et ai posé la question parlementaire, avec André Bauler. Or, comme le site est classé, le collège échevinal aurait dû passer par une demande d’autorisation auprès de la ministre de la Culture, ce qui n’a pas été fait. Cela ressort de la réponse ministérielle. Le ministère était déjà au courant de ce projet d’inauguration, car il avait été prévenu par des citoyens. Cela dit, le collège échevinal avait quand même introduit une demande d’autorisation, dans le courant de la semaine dernière, a-t-on appris. En clair, la ministre de la Culture a fait savoir que la Cosimo allait être saisie pour trancher cette question, mais qu’elle ne pouvait l’être dans un délai de deux-trois jours.»
Carole Hartmann indique enfin se montrer critique envers le collège échevinal «sur la forme, mais pas sur le fond, car le collège échevinal ne s’est pas entouré, d’experts notamment, pour la mise en œuvre du projet, dont l’idée émerge du dixième anniversaire du classement de la procession en tant que patrimoine immatériel de l’Unesco. L’idée, comme toutes celles destinées à valoriser le patrimoine de la ville, est bonne. Mais on aurait pu éviter cette situation.»
Claude Damiani