Un couple luxembourgeois était en prime time sur la chaîne allemande Vox mardi soir pour présenter son invention. Jill Audrit revient sur cette «folle» aventure qu’elle peine encore à réaliser.
Rien ne prédisposait cette jeune attachée parlementaire du groupe CSV à passer dans une émission populaire de la chaîne allemande Vox, mardi soir. Nous avions rencontré Jill Audrit il y a quelques jours, avant la diffusion de l’émission Die Höhle der Löwen (basée sur la franchise internationale Dragon’s Den) pour qu’elle nous donne ses impressions. «C’est la sixième année que cette émission passe sur la chaîne allemande et autant de temps que je suis fan, avoue volontiers Jill Audrit qui ne cache pas sa joie. J’ai trouvé cela très inspirant et depuis le début, je me dis que je dois inventer quelque chose pour pouvoir y passer.»
Le projet va germer naturellement : «D’une certaine façon, j’ai toujours eu le produit que j’ai présenté à l’émission devant moi puisque j’ai horreur quand l’aspirateur claque dans les murs ou les portes», raconte Jill, avec une bonne humeur communicative.
La naissance d’une idée
«Au début, j’avais installé de la feutrine autour de l’embout de l’aspirateur, mais ce n’était pas très efficace ni esthétique.» Cette première solution n’est pas idéale, mais elle sent la bonne idée. Avant de se lancer à fond, elle vérifie sur internet si un objet de ce style existe déjà. Rien n’apparaît dans ses recherches. Elle se lance : «Je me suis assise et j’ai commencé à dessiner ce que j’avais en tête, comment je voyais le produit.»
Avec une image précise du produit, elle contacte différents professionnels susceptibles de fabriquer son produit, en Allemagne et en Europe en 2018. Mais les offres faites par les entreprises sont beaucoup trop chères : «C’était impossible à réaliser ici. J’ai alors contacté 200 firmes chinoises en passant par le www.made-in-china.com», tout en prenant soin de donner le dessin de son invention sans jamais dévoiler sa fonction pour éviter les copies.
Enfin, elle trouve une opportunité avec un prix accessible. La fabrication de 500 produits (le minimum de quantité nécessaire pour amorcer la production) est lancée ainsi que son emballage. Pour réaliser ce rêve, elle investit environ 10 000 euros, le plafond maximal qu’elle s’était fixé. Ça y est le «protect pads» est né.
Le stress avant le bonheur
Il y a un an, tout est prêt et Jill ne perd pas une minute pour contacter les producteurs de son émission préférée.
Elle n’est pas la seule dans cette aventure, son ami Adel Adrovic, qui pour l’anecdote a été longtemps attaché parlementaire pour le LSAP, la soutient depuis le début. L’homme qu’elle a rencontré avant leurs carrières respectives a fait des études en économie et s’occupe davantage du volet financier de l’opération. Lui-même a créé sa propre entreprise et s’est mis à son compte.
Les deux habitants de Dudelange sont enfin contactés par l’émission en février dernier, ils saisissent bien sûr immédiatement cette chance.
Seulement quelques jours après, ils se rendent dans les studios de l’émission à Cologne. Arrivés à midi, ils étaient les derniers à passer sur le plateau après 18 h, de quoi faire monter la pression.
«Quand on entre devant les cinq « lions », les investisseurs, nous avons trois minutes pour présenter notre produit avec un texte que nous avons préparé avec la production», raconte l’inventrice. Cette présentation est suivie de questions-réponses, d’une discussion de 40 minutes qui est coupée de façon à ne durer que 15 minutes à l’écran. Le stress était important pour la jeune femme avant de monter sur le plateau : «Mais dès qu’on est près des « lions », on met un peu le pilote automatique. Ils étaient sympas, ça s’est bien passé», résume-t-elle.
«C’est une expérience folle. Ça a toujours été un rêve de passer dans cette émission et j’ai atteint mon but. Maintenant, il faut voir comment le public va réagir au produit, si cela correspond à un besoin et si cela lui plaît», nuance la jeune femme, la tête bien sur les épaules.
Comme les spectateurs de l’émission ont pu le voir, un investisseur a cru en leur projet et a décidé de le commercialiser : dès aujourd’hui, les clients de plusieurs grands supermarchés luxembourgeois pourront acheter ce produit. Certains, s’ils sont attentifs, auront même la chance de croiser Jill qui compte bien aller jeter un coup d’œil discrètement pour voir comment son produit est perçu.
Le «protect pads» sera aussi disponible en Suisse et en Allemagne au prix de 4,99 euros.
Audrey Libiez