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Drôle d’oiseau sur les vignes luxembourgeoises


Fernand Etgen (de dos) a assisté au test qui s'est déroulé juste à côté de l'IVV. (Photo : Tania Feller)

Vendredi matin, l’Institut viti-vinicole testait à Remich un drone spécialement conçu pour le traitement des vignes. Spectaculaire!

Il n’est pas très cher, plutôt facile à manœuvrer et l’on attend beaucoup de lui, notamment pour s’occuper des vignes plantées sur les coteaux pentus, typiquement les meilleurs terroirs. Sommes-nous à la veille de voir voler les drones le long de la Moselle?

Alors que le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, allait faire le point sur le dernier millésime, il avait le droit à une primeur : le test d’un tout nouveau drone aspergeant une vigne de l’Institut viti-vinicole (IVV) à Remich. «Il s’agit d’une expérimentation que nous menons en collaboration avec l’Institut viti-vinicole de Bernkastel-Kues (NDLR : dans la Moselle allemande)», explique le chef du service Viticulture de l’IVV, Serge Fischer.

L’image est saisissante. Derrière son boîtier de commande agrémenté d’une tablette qui retransmet les images de la caméra embarquée, le pilote dirige la manœuvre. L’engin vole à un mètre environ au-dessus des rangs et les buses libèrent le traitement, ici du bio qui permet de lutter contre les maladies cryptogamiques (dont le mildiou, qui a fait tant de ravages l’année dernière). Le vol est très stable et régulier, les trajectoires sont tendues. Il n’y a aucun mouvement inutile. L’appareil est de marque DJI, une entreprise chinoise qui est en train de devenir le leader mondial du secteur. Au centre de l’appareil, on trouve le réservoir qui contient jusqu’à 10 litres du produit qui sera aspergé par quatre buses dont les modèles sont interchangeables en fonction de la viscosité du traitement et de la quantité que l’on veut utiliser.

Le drone vole grâce à huit hélices, DJI le nomme d’ailleurs «octocopter». Il est capable de traiter un hectare de vigne en une heure. Grâce à son GPS, il se pilote en mode semi-automatique. Même s’il pourrait très bien évoluer de manière autonome, il est obligatoire qu’un homme soit aux commandes de l’engin pour des raisons de sécurité.

La réactivité, un atout de poids

Avec cet appareil, la société chinoise a mis sur le marché le premier drone dédié à l’agriculture. «À l’origine, il est conçu pour la culture du riz, souligne Serge Fischer. Il a donc fallu le modifier, car les rizières sont plantées sur de grandes terrasses plates, alors que les vignes sont situées davantage sur des coteaux.»

On touche là au plus grand intérêt de cette nouvelle offre. Sur de grandes étendues faciles à travailler, le drone ne détrônera pas de sitôt le tracteur. Mais là où les pentes sont fortes, celui-ci pourrait être particulièrement efficace. Dans les vignes escarpées qui ne sont accessibles qu’à pied, le drone serait plus rapide que le vigneron avec le pulvérisateur chargé sur le dos. L’appareil permettrait une plus grande réactivité, un facteur qui peut être décisif surtout lorsque le climat est difficile. L’an passé, des vignerons qui n’ont pas pu sortir entre deux averses torrentielles à cause d’une panne de tracteur ont perdu beaucoup de raisins. Qui sait si avec un drone ils n’auraient pas pu limiter les dégâts? «Il y a des lieux-dits, comme la Koeppchen à Wormeldange, où l’on se dit que cela pourrait être très intéressant…», glisse Serge Fischer.

Un prix divisé par dix en trois ans!

D’autant que cette solution n’est pas si onéreuse que cela. Un drone comme celui qui est testé par l’Institut revient à 15 000 euros environ. «Il y a trois ans, les Chinois de DJI étaient venus exposer ce drone lors du salon pour professionnels Intervitis, à Stuttgart. Tout le monde les regardait un peu de haut, eux parlaient à peine l’anglais… Le contact n’était pas vraiment passé, d’autant que le drone coûtait alors… 150 000 euros! Si, à l’époque, vous m’aviez demandé si je m’attendais à le tester trois ans plus tard au Luxembourg et que son prix aurait été divisé par dix, j’aurais certainement dit que c’était impossible!»

Pour autant, et même si les expérimentations semblent enthousiasmantes, il reste un frein à l’utilisation des drones : la règlementation encore embryonnaire sur le sujet. L’IVV a bien reçu l’indispensable autorisation de l’administration de la Navigation aérienne (ANA) pour ces tests, mais il manque encore le cadre légal pour leur utilisation professionnelle et régulière. Il est grand temps que les législateurs se penchent sur la question, les appareils eux, sont déjà prêts…

Erwan Nonet

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