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Des vêtements fairtrade pour les postiers


Jean-Louis Zeien, Claude Strasser et Franz Fayot se sont félicités de la démarche pionnière du groupe Post. (photo Alain Rischard)

Il y a un an, le premier employeur du pays a commencé à remplacer les tenues de travail habituelles de ses collaborateurs par des vêtements fairtrade. Post partage son expérience.

Depuis novembre 2020, les collaborateurs du réseau de vente Post courrier et Post Telecom voient leurs tenues de travail habituelles progressivement remplacées par des articles estampillés fairtrade, c’est-à-dire issus du commerce équitable. Des vêtements fabriqués à partir d’un coton dont l’impact environnemental est cinq fois moindre que celui du coton conventionnel et qui garantit des conditions de travail dignes aux producteurs et travailleurs de la filière textile. Cette année, de nouvelles pièces – chemises, blouses, bonnets – se sont ajoutées à la collection initiale, faisant passer la commande de Post auprès du fournisseur luxembourgeois Akabo de 6 000 articles fairtrade en 2020 à 9 000 en 2021.

Cet engagement fait du premier employeur du pays (le groupe Post compte près de 4 700 collaborateurs) un véritable «précurseur», un «pionnier», comme l’ont félicité le ministre de l’Économie et de la Coopération, Franz Fayot, et le président de Fairtrade Lëtzebuerg, Jean-Louis Zeien, au cours d’une conférence de presse donnée jeudi afin de discuter du retour d’expérience de Post un an après le début de cette initiative.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que celle-ci n’a pas toujours été facile, tant la question des vêtements est un «vrai sujet» pour beaucoup de travailleurs, comme l’a rappelé le directeur général de Post Luxembourg, Claude Strasser: «La qualité des habits a engendré de grosses discussions. Ce qui est compréhensible : certains collaborateurs vont devoir porter ces vêtements toute la journée, toute l’année. Nous avons dû tester à plusieurs reprises certaines pièces. Par exemple, des chemises se sont révélées trop transparentes, des polos trop épais et tenaient donc trop chaud, certains t-shirts sentaient mauvais au bout de quelques heures à peine.»

Mais la direction a tenu à persévérer dans ce changement en profondeur, quitte à y mettre le prix, forcément plus élevé qu’avec des vêtements plus conventionnels. «Nous avons changé notre mode de consommation également, car il y avait du gâchis, explique Claude Strasser. Avant, le personnel avait droit à une certaine quantité d’habits par an. Du coup, ils prenaient ceux auxquels ils avaient droit au lieu d’évaluer leurs véritables besoins. C’est humain. Désormais, la répartition se fait différemment. Cette nouvelle distribution a permis de dégager un surplus permettant de financer le surcoût.»

Les vieux vêtements sont récupérés

Un changement de consommation qui s’étend jusqu’au bout de la chaîne, entièrement circulaire : en 2020 aucun vêtement de Post n’a été incinéré, ce qui représente entre 700 kg et une tonne de vêtements usés récupérés. En effet, les vêtements sans logo (essentiellement des pantalons) sont offerts à des associations, les t-shirts sont découpés et utilisés comme chiffons par l’équipe du garage Post, tandis que les polos sont retravaillés dans les ateliers de la Fondation Autisme Luxembourg pour devenir des emballages protégeant les pots de miel fabriqués à partir du rucher de Post situé sur le toit de la Cloche d’or. Le reste est envoyé en Allemagne pour être transformé en matériaux d’isolation.

Une démarche que les intervenants espèrent voir étendue à d’autres organismes privés ou publics, même si pour l’instant le ministre de l’Économie n’envisage pas de l’imposer : «Pour l’heure, il s’agit surtout de sensibiliser. Les difficultés évoquées par Post pour adopter des vêtements fairtrade montrent que c’est un changement de système et que toute la chaîne de valeur n’est pas complètement en place. Mais il faut des pionniers comme eux pour montrer que c’est possible. D’autant qu’il existe un coaching pour y parvenir.»

À cet égard et dans le cadre de la campagne «Rethink your clothes», Franz Fayot a envoyé en début de semaine une lettre cosignée par Jean-Louis Zeien invitant les administrations publiques et les entreprises où l’État est majoritaire à s’engager vers «une politique économiquement, socialement et écologiquement durable en matière d’achats publics textiles».

«J’aimerais voir de nombreux organismes publics et privés inclure, lors de leurs appels d’offres dans l’industrie textile, le critère d’une production équitable, a conclu Jean-Louis Zeien. Dans ce domaine en particulier, nous devons nous éloigner d’une mentalité de « fast fashion«  qui se fait au détriment des humains et de la nature.»

Tatiana Salvan

Une culture polluante

Le coton fait vivre 100 millions de ménages ruraux mais c’est aussi une des cultures les plus polluantes au monde : engrais chimiques, pesticides, OGM, émissions de CO2. Six pour cent des pesticides et 16 % des insecticides dans le monde sont utilisés pour les cultures du coton et 75% du coton utilisé est à base d’OGM.

En outre, c’est une production très gourmande en eau :  11 00 litres, soit l’équivalent de 50 baignoires, sont nécessaires pour fabriquer un seul jeans, 2 700 litres pour un t-shirt conventionnel. Sans compter que les conditions de travail y sont souvent catastrophiques : revenus insuffisants, travail forcé, exploitation des enfants.

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