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Crémant « Gales Héritage » : l’année du centenaire


Isabelle Gales se tient contre une des 36 gyropalettes du hall de stockage qui peut accueillir un million de cols. (photo Isabella Finzi)

La période des fêtes valait bien une visite chez l’un des plus importants producteurs de crémant de la Moselle, d’autant qu’il célèbre un siècle d’existence. Le crémant Gales Héritage est un classique parmi les classiques au Grand-Duché. Cet archétype des bulles luxembourgeoises misant sur la fraîcheur et la vivacité est élaboré dans le grand complexe du propriétaire et négociant à Ellange-Gare, tout près du restaurant La Rameaudière.

Le lieu détonne car on est loin de l’image des caves classiques. Ici, pas de vieilles pierres ni de caves voûtées –  même si l’on retrouve des meubles anciens à l’étage!  – mais un centre d’élaboration fonctionnel où le principal n’est pas de faire de l’esbroufe mais de l’efficace.

« Nous nous sommes installés ici en 2002, se souvient Isabelle Gales. Auparavant, nous étions dans notre ancienne cave à Bech-Kleinmacher, mais elle devenait trop petite et limitait notre développement. » Évidemment, la famille Gales aurait préféré rester à proximité immédiate de la Moselle, mais faute d’avoir trouvé le terrain miraculeux, elle s’est installée sur ses contreforts, à peine cinq kilomètres en arrière. Au moins, ici, il y a de la place et il en faut  : « Nous avons la possibilité de stocker un million de bouteilles de crémant », souligne-t-elle.

Avec ces 36  gyropalettes, ses aires de stockage impressionnantes, le centre n’est pas encore au maximum de ses possibilités, « mais on n’en est pas loin », sourit la vigneronne. La politique visant à garder les crémants sur lies pendant une période allant de 18 à 24  mois (au lieu des neuf nécessaires à l’obtention de l’appellation crémant de Luxembourg) impose ce stockage longue durée. En avant du bâtiment, une ligne automatisée conduit en continu les bouteilles vers le dégorgement, l’habillage et le conditionnement en carton.

L’essentiel de la production s’oriente vers deux types de crémant, l’Héritage et le Jubilée. « La cuvée Héritage est notre hommage aux générations passées, avance Isabelle Gales. Il est composé de riesling et de pinot blanc à peu près en parts égales .» Trois étoiles auGuide Hachette 2015, médaille d’or au concours des Crémants de France et de Luxembourg 2015, sélectionné dans les Guides Hachette 2016 et 2017, il est le fer de lance de la maison. La cuvée Jubilée, elle, est un 100  % riesling.

Créateur de bulles depuis 1931

L’année 2016 est à marquer d’une pierre blanche pour la maison qui célèbre son centenaire. C’est l’arrière-grand-père d’Isabelle Gales, prénommé Nicolas, qui a lancé les bases de ce qui est aujourd’hui l’un des plus grands acteurs de la Moselle viticole. « Il a fondé le domaine pendant la guerre, en 1916, alors que les temps étaient très difficiles », affirme son arrière-petite-fille.

Avec la défaite de l’Allemagne deux ans plus tard, c’est tout le modèle économique qu’il faut revoir. Jusque-là, les vins de la Moselle luxembourgeoise partaient en Allemagne pour être transformés en Sekt. Avec la fin du Zollverein en 1919 (l’union douanière qui liait les États allemands et le Luxembourg depuis 1842), il faut trouver de nouveaux débouchés vers le Luxembourg, d’abord mais aussi la Belgique ou les Pays-Bas.

Nicolas Gales comprend que s’il veut assurer le succès de son entreprise, il faut qu’il innove. « La méthode traditionnelle (NDLR : celle qui permet de créer les vins effervescents) était déjà prisée à l’époque. Il a décidé de se lancer dès 1931, ce qui en fait un des pionniers des bulles luxembourgeoises », rappelle Isabelle Gales.

À présent, les crémants et les méthodes traditionnelles (Private cuvée et cuvée Rosé brut, notamment) composent la part essentielle de la production de la maison, « et les fêtes de fin d’année sont vraiment la période la plus importante de l’année », assure Isabelle Gales.

Aujourd’hui, Gales possède 11,6  hectares situés autour du berceau de la famille, entre Remich et Bech-Kleinmacher, mais également un peu partout sur l’ensemble du territoire, « pour obtenir des vins différents qui permettent d’avoir plusieurs cartes à jouer lors des assemblages ». Également négociant, Gales a passé des contrats avec des vignerons qui leur livrent des raisins pour une surface environ deux fois plus grande que le domaine familial.

Isabelle Gales explique d’ailleurs être à l’écoute pour agrandir sa zone d’approvisionnement. « Actuellement, ce n’est pas une nécessité, mais s’il y a une opportunité, nous ne passerons pas à côté! », glisse-t-elle. Car le nœud du problème, c’est l’approvisionnement en raisin et la Moselle n’est pas extensible.

Erwan Nonet

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