On aura rarement vu les pistes cyclables luxembourgeoises aussi fréquentées. Ces dernières semaines, la petite reine a la cote. Depuis leur réouverture, les marchands de vélos assistent à une véritable ruée en magasin. Les ventes de deux-roues ont littéralement explosé. Et les ateliers de réparation sont pris d’assaut. «Du jamais-vu.»
«Vous cherchez une pompe à mettre sur votre vélo ou à laisser dans le garage ?» Les clients défilent dans les magasins de vélos. Depuis qu’ils ont le droit de rouvrir leurs portes, ces derniers ne manquent pas de travail. Il n’y a pas que les petits accessoires indispensables afin de pouvoir enfourcher sereinement son deux-roues qui partent comme des petits pains. Cette période de confinement a eu un vrai impact sur les ventes de vélos au Luxembourg.
«C’est du jamais-vu», nous indique Frédéric Biltgen, le responsable du magasin Velocenter Goedert à Luxembourg-Hollerich. Pour donner une idée du nombre de ventes ces dernières semaines, il sort les chiffres de mai 2019 : « À l’époque, on avait vendu 109 vélos. Cette année, pour la même période, on en est à 276 ! Avec une grosse progression pour les VTT et les électriques.»
Au mois d’avril, le magasin avait organisé un système de «drive». Les ventes s’effectuaient donc via e-mail et Facebook, comme chez d’autres commerçants du pays. «Il y a eu beaucoup de ventes. Les gens ont profité du confinement et du beau temps pour faire du vélo», confirme un vendeur de chez Asport à Wickrange. «Certains ont redécouvert le vélo grâce à l’électrique», complète-t-il.
Prime doublée : les e-bikes ont le vent en poupe
L’annonce du gouvernement luxembourgeois d’augmenter la prime pour l’achat d’un vélo se fait aussi ressentir. À partir de cette date, le responsable de Velocenter Goedert note une «hausse des chiffres de ventes d’e-bikes.» Une annonce dont a profité Karl (65 ans). «L’idée de passer à l’électrique me trottait depuis bien longtemps dans la tête. Ce petit coup de pouce devrait me permettre de bénéficier d’une prime de 600 euros au lieu de 300 euros auparavant.»
Il n’y a pas que les ventes qui ont explosé. Les ateliers sont également pris d’assaut. En effet, certains ont eu droit à une mauvaise surprise quand ils ont voulu reprendre leur vélo. Sans oublier les révisions. «Dès la première semaine de notre réouverture (NDLR : 11 mai), beaucoup de monde a ramené son vélo pour le faire réparer», nous indique-t-on du côté d’Asport. Chez Velocenter Goedert, qui avait mis en place un système de rendez-vous dès le mois d’avril, on confirme ce phénomène : «C’est la première fois qu’on a autant de vélos à réparer.» À l’heure actuelle, l’atelier, qui compte trois mécaniciens, effectue en moyenne entre 25 à 30 réparations par jour. «Pour le délai d’attente, on est actuellement sur la semaine du 15 juin.»
Un délai dont nous ont aussi fait part des cyclistes passionnés. Christine (32 ans) en a fait l’expérience fin avril après une chute. «Il fallait dévoiler la roue avant. J’ai dû patienter deux petites semaines.» Elle se souvient même avoir fait la queue avant de pouvoir déposer son vélo à l’atelier. Même refrain du côté de Xavier (27 ans), qui habite le sud du pays, quand il a contacté son marchand de vélos durant la semaine du 11 mai. «On m’a indiqué qu’il fallait compter autour de quatre semaines d’attente pour obtenir un rendez-vous pour la révision.»
Des commandes et des sacrifices
Avec cette ruée sur les vélos, pas étonnant que certains modèles ne soient actuellement plus disponibles en magasin. «On parle de ceux entre 500 et 1 000 euros», précise un vendeur chez Asport. «Si d’habitude, il faut compter entre une et deux semaines pour commander, aujourd’hui la donne est différente. Beaucoup de vélos sont fabriqués en Chine et à Taïwan. Pour certaines marques, c’est donc plus compliqué pour être réapprovisionné.» «Les commandes sont en cours. 200 nouveaux deux-roues doivent être livrés au cours du mois de juillet», poursuit notre interlocuteur.
Mercredi, en fin d’après-midi, le magasin spécialisé à Hollerich comptait dans ses rayons moins de vélos que d’habitude. «On a du retard dans le montage des vélos. Si tout n’est pas en magasin, il nous reste encore 360 vélos en stock, dont 50 VTT et 100 électriques», explique le gérant. À noter qu’il faut compter en moyenne autour de 40 minutes pour monter un vélo pour qu’il soit prêt à partir. Pour les semaines à venir, Frédéric Biltgen se veut confiant : «On a réussi à rebondir assez tôt. Et j’ai pris le risque de recommander pour début juillet une grosse quantité de vélos. Il est question de 150 VTT.» Il ne le cache pas. «Il y a des sacrifices aussi. Certains vélos sont davantage commandés. Ce sont les vélos dont les gens ont besoin, c’est-à-dire ceux qui coûtent moins de 1 000 euros.» Il ajoute : «On mise sur des modèles de 2020. Attendre la collection de 2021 en début d’automne, cela serait trop tard pour le consommateur.»
«Prendre l’air après les journées de télétravail»
Le beau temps des dernières semaines n’a pas fini de conquérir de potentiels nouveaux cyclistes. «Si je dois m’imaginer devoir continuer à travailler tout l’été entre les quatre murs de mon petit appartement, c’est peut-être le moment idéal pour me mettre au vélo et prendre l’air après ces journées de télétravail…», nous souffle Irina, une jeune employée travaillant au Kirchberg. L’échappée de la petite reine est bel est bien lancée !
Fabienne Armborst
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