Les procédures de recrutement des communes vont changer à partir du mois prochain. L’accent sera mis sur les compétences davantage que sur le savoir.
Il s’agit de faire travailler «les bonnes personnes aux bons endroits», explique la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding. Les communes, à l’instar du Luxembourg, ne cessent de se développer, ce qui complexifie leurs missions au service des citoyens. Pour les rendre plus efficaces, le gouvernement fonde tous ses espoirs sur les fonctionnaires. Affiner leur recrutement est devenu indispensable. La réforme des procédures de recrutement dans la fonction publique était un des points du programme de gouvernement Bettel II.
Chaque année, 2 000 personnes s’inscrivent à l’examen d’admissibilité à la fonction publique communale, selon la ministre. La moitié ne passe pas l’épreuve et seuls les deux tiers la réussissent. Soit 347 candidats. Pour le gouvernement, le contenu de l’examen et la manière de procéder au recrutement de personnels ne sont plus adaptés. «Il ne suffit pas uniquement de tester des savoirs, mais de tester les compétences dont les employés se serviront pour s’acquitter de leurs tâches. Sans oublier d’utiliser les moyens digitaux», précise Taina Bofferding. Ainsi, un conducteur de bus ne devra plus faire ses preuves en orthographe française et allemande, mais montrer qu’il connaît son code la route ou qu’il est vigilant et réactif.
Finies la dictée de français, la rédaction d’allemand et les questionnaires sur la Constitution, la politique ou l’histoire luxembourgeoise. Les nouvelles épreuves visent à évaluer les compétences techniques, en matière de gestion de l’information et comportementales des candidats grâce à des tests de logique, par exemple. Le contenu des épreuves et leur degré de difficulté varient en fonction des divers sous-groupes de traitement existant dans le secteur communal.
«Au service des citoyens»
Le fond et la forme sont donc revus pour recruter des profils qui correspondent le mieux au poste à occuper. «Nous sommes parvenus, en collaboration avec le ministère de la Fonction publique, entre autres, à mettre en place une réforme qui assure une cohérence au niveau du secteur public et qui prend en compte les besoins spécifiques du secteur communal», assure Taina Bofferding, qui poursuit : «Le Luxembourg dispose d’un service public efficace. Il est important pour le gouvernement qu’il le reste à l’avenir. Pour cela nous avons besoin de personnel bien formé, compétent et motivé au service des citoyens et des responsables politiques.»
Ce service public est complémentaire à celui de l’État, d’où les synergies créées entre les ministères de la Fonction publique et de l’Intérieur lors de cette réforme. Synergies qui se poursuivent au-delà, dans la procédure même de recrutement. Dans un souci d’instaurer un parallélisme avec le secteur étatique, les candidats à un emploi dans le secteur communal devront dans une première étape passer avec succès l’épreuve d’aptitude générale de l’examen concours de l’État – identique à celle du secteur étatique – avant de pouvoir s’inscrire à l’examen d’admissibilité du secteur communal (ou étatique, l’un n’empêche pas l’autre !).
Un endroit centralisateur
Le ministre de la Fonction publique, Marc Hansen, envisage de recruter les meilleurs talents. Pour maximiser les chances de les dénicher et de les attirer, l’ambition de son ministère est «de proposer des procédures de recrutement digitales centralisées». C’est le cas grâce à la plateforme Govjobs qui regroupe les démarches et les informations concernant les emplois dans la fonction publique auprès de l’État.
Une rubrique concernant le secteur communal y a été intégrée. Les candidats à des emplois dans les administrations communales pourront s’y rendre pour s’inscrire aux épreuves. «Cela permet au citoyen de trouver à un seul endroit et de manière transparente, toutes les informations utiles», note Marc Hansen. La première procédure d’inscription sera lancée le 5 février.
Le ministre envisage le site comme un outil central de recrutement, où les offres de stages seront prochainement ajoutées.
«La réforme de l’examen d’admissibilité est le fruit d’une concertation qui a eu lieu en 2019 au sein de la commission centrale entre le ministère de l’Intérieur, le Syvicol et les organisations syndicales, conclut le ministère. Sa mise en œuvre a été réalisée avec l’appui du ministère de la Fonction publique, afin de garantir une cohérence au niveau du recrutement dans le secteur public, tout en tenant compte des spécificités du secteur communal.»
Sophie Kieffer