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Charel Hary : «Rien ne remplace la Fouer !»


En cas de prolongement de la crise, les pertes financières vont être considérables pour les forains, estime Charel Hary. (Photo : Archives LQ)

Les forains tirent la moitié de leurs revenus de cette fête foraine. Son annulation est dramatique.

Jusqu’à présent, seule la Seconde Guerre mondiale était parvenue à torpiller la Schueberfouer et voilà qu’un virus vient jouer les trouble-fêtes. Il n’y aura donc semble-t-il pas de 680e édition de la fête foraine. Ou du moins pas cette année. Le doute planait et Patrick Goldschmidt, échevin de la capitale, l’a confirmé hier en pleine séance du conseil communal (lire aussi notre édition du 21 avril). Les Luxembourgeois vont devoir, de toute évidence, se passer de ce rendez-vous traditionnel. La Schuebermëss rejoint la longue liste des évènements annulés à travers le pays pour cause de coronavirus.

Cette décision, bien que difficile à imaginer alors que le mois d’août semble encore très loin, paraît acquise, puisque l’administration communale de Luxembourg a indiqué ne pas avoir encore conclu de contrat avec les forains. Sachant que la «Fouer» représente à elle seule plus de la moitié des revenus annuels de ces indépendants et que les kermesses sont annulées les unes après les autres, l’inquiétude règne dans leurs rangs. La première fête foraine de l’année est celle de Pâques à Esch-sur-Alzette. Suivent Differdange, Echternach, le Maertchen, la kermesse de Pentecôte à Esch-sur-Alzette, Dudelange, Ettelbruck, Larochette, Troisvierges, à nouveau Ettelbruck, puis Diekirch, Echternach à nouveau, Junglinster et enfin, au mois d’octobre, Dudelange, qui clôture la saison.

«Je trouve qu’il est encore un peu tôt pour tout annuler, indique le président du Comité international des festivités de la Schueberfouer et président de la Fédération nationale des commerçants forains, Charel Hary. Il va falloir s’adapter à la situation sanitaire, car bien entendu, la santé passe avant toute autre chose.» Si la situation venait à évoluer de manière favorable pour les forains et les amateurs de fêtes foraines, «les forains sont prêts à tout moment à se rendre sur une kermesse. Nous n’avons pas besoin de connaître la date longtemps à l’avance. Comme je n’ai pas besoin qu’on me dise aujourd’hui que la Fouer est annulée. J’aurais aussi très bien pu l’apprendre au mois de juin», précise Charel Hary.

D’ailleurs, «rien ne remplace la Schueberfouer», estime Charel Hary, interrogé sur la possibilité d’une alternative proposée par Patrick Goldschmidt lundi. «Cela part d’une bonne volonté de nous aider, mais nous ne savons pas quand cela pourra avoir lieu et quelles seront les décisions prises par le gouvernement d’ici là. De plus, organiser plusieurs petites kermesses dans différents quartiers de Luxembourg n’empêchera pas le virus de circuler.»

«Un forain n’est rien sans kermesse»

La situation s’annonce mal. «Un forain sans kermesse n’est rien. Il ne gagne rien», rappelle le président. «À l’heure actuelle, nous aurions dû avoir remballé à Esch-sur-Alzette et être en train de déballer à Dudelange. Pour le moment, on a perdu deux kermesses. Ce n’est pas encore tragique, c’est comme ça. Ce n’est qu’au fil des annulations que nous allons constater l’ampleur des pertes financières. Cependant, si cela continue, nous ne prendrons pas du tout la route cette année.»

Propriétaires de manèges ou d’affaires de restauration et de confiserie sont logés à la même enseigne. Entre 50 et 60 familles vivent dans l’incertitude, suspendues aux décision du gouvernement concernant la reprise de leurs activités ou des aides supplémentaires pour les soutenir si elles ne peuvent pas travailler cette année. La fédération travaille en étroite collaboration avec la Confédération luxembourgeoise du commerce (clc) et des courriers ont été envoyés à différents ministères. Pour le moment, les familles de forains profitent des aides réservées aux commerçants indépendants. Les forains craignent toutefois de ne pas parvenir à passer l’hiver. «Pour le moment, nous ne pouvons qu’attendre», conclut Charel Hary.

Sophie Kieffer