Les guêpes sont de plus en plus nombreuses dans le pays. Boulangeries, terrasses, marchés : pas un endroit n’est épargné. Les professionnels délivrent leurs conseils.
Quoi de mieux quand on travaille à Esch-sur-Alzette, qu’une pastéis de nata pour démarrer la journée ? Ces flancs portugais ont été adoptés par tout le monde ici, de l’artisan au cravaté trop pressé pour prendre un petit-déjeuner. Mais depuis le début de l’été, particulièrement depuis le début du mois d’août, un troisième type de client s’invite au festin : les guêpes.
«C’est une catastrophe, se plaint une vendeuse de la boulangerie Welcome, située rue du Canal. Nous ne pouvons pas utiliser de produits, vu que nous travaillons dans l’alimentaire. Nous les chassons comme nous pouvons, mais elles reviennent. Le sucre des gâteaux les attire…» Derrière le comptoir, les clients se montrent compréhensifs. Mais d’un point de vue global, dans tout le pays, la pullulation des guêpes finit par inquiéter.
«Clairement, les guêpes sont plus nombreuses cette année, nous explique-t-on chez les sapeurs-pompiers de la commune. Nous recevons des appels tous les jours pour enlever des nids.» Le centre intervient selon les disponibilités des équipes, tous les jours en semaine, jamais le week-end.
Par ailleurs, la commune d’Esch envoie la facture au client : 140 euros par déplacement. De moins en moins de centres acceptent de se déplacer pour des guêpes, car le rôle premier des pompiers reste l’aide à la personne et la lutte contre le feu. Les effectifs des hommes en rouge n’étant pas illimités, le secteur privé prend le relais.
«Trois fois plus que l’été dernier»
À Rodange par exemple, l’entreprise Augias en a fait sa spécialité. Le patron des lieux, Yves Laux, tire un constat plus précis. «Par rapport à l’été dernier, nos interventions ont triplé. Surtout que les guêpes sont très agressives cette année, nous avons dû acheter une nouvelle combinaison. Le printemps a été doux et derrière, l’été est chaud. Les conditions sont idéales pour que les larves grandissent.»
L’entreprise de Rodange carbure à trois ou quatre interventions par jour en ce moment, contre une traditionnellement. «Les gens essayent des produits achetés en grande surface, reprend Yves Laux. À court terme ça peut marcher, mais les guêpes reviennent là où des nids étaient implantés.» Chez le spécialiste rodangeois, pour 150 euros tout compris, le nid est définitivement anéanti. «Parfois, l’intervention nous demande du temps, car les guêpes aiment se nicher dans les volets par exemple. Mais on facture au même prix.»
Dernier conseil de pro : ne pas attendre le développement du nid de guêpe pour solliciter une intervention. «Un client nous a appelés trois jours après avoir découvert des guêpes chez lui… le nid avait doublé de taille !»
Chacun sa méthode pour lutter
En terrasse, dans les parcs comme dans les bars, on reste philosophe. «Il n’y a pas tant de guêpes que ça», sourit une serveuse de la place du Brill, à Esch. La même qui a «servi» un coca à une table pour… le bon plaisir des guêpes, tiens ! «C’est ma méthode. Je leur donne un peu de sucre et elles me laissent tranquille.» Des retraités plus loin rentrent dans la conversation.
Certains trouvent que les guêpes ne sont pas plus nuisibles que d’autres insectes, comme Marie-Antoinette qui estime que ce n’est plus possible de laisser la fenêtre ouverte en journée. «J’aère la nuit et je ferme les rideaux le jour.»
À Esch toujours, dans la rue des restaurants (Brill), chaque cuistot y va de son art du piège. Le client est roi, pas les guêpes. «J’utilise la méthode de la bouteille en entonnoir, montre le patron d’Alla Fronace. Avec de la grenadine au fond, ça marche. Mais il faut changer le piège souvent. En une journée, j’ai cinquante guêpes au fond !»
Derniers commerçants très concernés, les vendeurs de fruits du marché. Chez ce couple de marchands de primeurs Ninali, qui tourne entre Esch, Luxembourg et Diekirch, on est habitué aux guêpes. «Elles adorent les fruits, particulièrement les cerises et les pêches, raconte Encarna. Je fais juste attention quand je sers le client. Il y a parfois des guêpes au fond de la cagette.»
Mais le couple de vendeurs ne s’alarme pas. «À Esch, ça va. C’est plus problématique à Luxembourg en revanche», constate Licinio. «C’est vrai qu’il y a beaucoup de guêpes en ville…», enchaîne Encarna. Bref, les guêpes, cet été, on n’a pas fini d’en parler !
Hubert Gamelon