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Cancer du sein : «La pandémie a fait beaucoup de dégâts»


Mariette Fischbach et Isabelle Allemand-Schlammes invitent les patientes à ne pas rester seules et à prendre soin d’elles. (photo Didier Sylvestre)

Ce vendredi marque le premier jour d’Octobre rose, mois de sensibilisation au cancer du sein qui touche chaque année près de 460 femmes au Luxembourg.

Chaque année, en octobre, les voilà qui refleurissent : les petits rubans roses, symboles de la lutte contre le cancer du sein, s’affichent partout. Même si ce n’est que pour quelques semaines et même si l’évènement sert d’alibi marketing à certaines enseignes, peu importe : «Parler de la maladie, c’est prévenir. Et prévenir, c’est guérir», tranche Isabelle Allemand-Schlammes, vice-présidente de l’association Europa Donna.

Car c’est bien une course contre la montre qui s’enclenche dès l’apparition de la tumeur : détecté suffisamment tôt, un cancer du sein peut être guéri dans plus de neuf cas sur dix. Ce dépistage précoce permet aussi un traitement par chimiothérapie moins lourd et réduit le risque d’ablation du sein, qui s’avère malheureusement nécessaire chez un quart des patientes.

Le cancer du sein est aujourd’hui le cancer le plus fréquent en Europe. «Au Luxembourg, il représente 38 % des cancers chez la femme et 20 % des décès dus à cette maladie lui sont imputables. Concrètement, ça veut dire qu’en dessous de 65 ans, il frappe une femme sur 14; une sur 9 au-delà de 75 ans», précise le Dr Marc Stieber, médecin référent Gynécologie au sein du pôle Femme-Mère-Enfant des hôpitaux Robert-Schuman.

Grâce au dépistage national du cancer du sein instauré en 1992 – le «programme mammographie» dédié aux 50-70 ans – beaucoup de cas sont désormais détectés à temps pour être traités avec succès. Chaque année, au Grand-Duché, près de 460 femmes sont victimes d’un cancer du sein, et quelques hommes aussi – environ 2 par an.

De plus en plus de patientes jeunes

Ces dernières années, si l’incidence est restée stable pour les plus de 50 ans, le médecin constate de plus en plus de cas chez des patientes jeunes, dès 35 ans, notamment à cause du facteur génétique. Heureusement, d’importants progrès ont été faits dans le traitement du cancer du sein ces dernières décennies grâce à de nouvelles molécules utilisées en chimiothérapie : «Aujourd’hui, une femme qui est prise en charge pour un cancer du sein a de très bonnes chances de survie. Soixante-dix à quatre-vingts pour cent des patientes guérissent, et ça monte à 95 % si la maladie est traitée à un stade précoce», poursuit le Dr Stieber.

Dès l’annonce du diagnostic, Europa Donna accompagne les patientes dans ce parcours de combattante : «L’annonce d’un cancer est un véritable bouleversement auquel on ne s’attend pas», souligne la présidente, Mariette Fischbach. Pour faire face au tumulte, l’association propose soutien et écoute, dispense de précieux conseils et offre une panoplie de soins de support en parallèle de la prise en charge médicale. Pour puiser en elles toutes les ressources nécessaires à leur guérison, les patientes peuvent se tourner vers le yoga, la sophrologie, l’hypnose, la réflexologie plantaire ou encore l’art, la danse et bien d’autres. «Le bénéfice est prouvé : ces pratiques permettent à la fois de mieux supporter les effets secondaires des traitements et d’améliorer la qualité de vie dès le début du parcours de soins», poursuit Mariette Fischbach.

Mais pour beaucoup de femmes, prendre soin d’elles avant tout le reste n’est pas si évident. Même quand on tombe gravement malade : «On a toujours tendance à culpabiliser, à s’en vouloir de faire subir ça à nos enfants, notre conjoint», confie Isabelle Allemand-Schlammes, émue en évoquant cette épreuve qu’elle a traversée. «On ne pense plus à soi, on se demande ce qu’ils vont ressentir eux, comment ils vont vivre ça. Mais il est important de s’autoriser à consacrer tout le temps nécessaire à sa guérison.»

Désormais, les responsables de l’association craignent une période critique, conséquence directe de la crise sanitaire : «La pandémie a fait beaucoup de dégâts. Des femmes n’ont pas osé se rendre à l’hôpital pour se faire dépister. Moins de diagnostics ont été posés, moins de chirurgies ont été effectuées, sans qu’on en mesure encore les conséquences», déplore la présidente.

Christelle Brucker

europadonna.lu

Le challenge «30 000 rubans roses»

Cette année encore, le Broschtkriibslaf, évènement phare d’Europa Donna Luxembourg, se tiendra en ligne sous la forme d’un challenge baptisé «30 000 rubans roses» : il s’agit de se prendre en photo, seul ou en groupe, lors d’une activité sportive et de l’envoyer sur le site de l’évènement où elle sera publiée pour former une galerie géante. Il est également possible de faire un don en ligne.

En 2020, plus de 1 000 images ont ainsi été mises en ligne en signe de solidarité avec les patientes, en attendant de retrouver le Broschtkriibslaf dans sa version réelle très bientôt : «On espère pouvoir organiser notre course en 2022», indique Isabelle Allemand-Schlammes.

broschtkriibslaf.lu

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