La présentation du budget de la Ville de Luxembourg, lundi, a une nouvelle fois illustré la politique d’investissement massive lancée par le collège échevinal.
Pour la deuxième année consécutive, 2017 verra un déficit. Il devrait se monter à 83,4 millions d’euros. Mais Lydie Polfer défend sa politique d’investissement, essentielle selon elle.
«Ce n’est pas pour critiquer l’ancien collège échevinal, puisqu’il s’agissait d’une coalition identique, mais, entre 2006 et 2011, les dépenses extraordinaires représentaient 667 millions d’euros, alors que nous, entre 2012 et aujourd’hui, nous en sommes à 1,3 milliard», a lancé en introduction la bourgmestre.
Une direction qui empêche la ville d’atteindre l’équilibre budgétaire pour la deuxième année consécutive, mais les réserves financières sont solides.
Lydie Polfer l’a rappelé lundi après-midi, « il s’agit du dernier budget présenté par ce conseil communal ». Effectivement, les futures élections communales auront lieu en octobre 2017 et la première tâche des prochains élus sera de reproduire cet exercice pointilleux mais ô combien important.
Justifiant les dépenses élevées de ces dernières années, la bourgmestre a une nouvelle fois mis l’accent sur l’accroissement démographique sans précédent de la capitale. « En dix ans, la population s’est accrue de 30 %. Cela nous impose d’investir dans des infrastructures telles que des écoles, des crèches, des foyers scolaires… » Elle s’est également félicitée que « la plupart des ces chantiers aient été votés à l’unanimité, ou au moins à une très large majorité ».
Le rapporteur du budget, le conseiller déi gréng Gilles Rod, a précisé que « la Ville travaillait actuellement sur des projets votés par le conseil communal représentant une somme d’un peu plus d’un milliard d’euros : 338 millions ont déjà été comptabilisés, 186 millions sont prévus au budget 2016 et 178 millions figurent au budget 2017 ».
Les éléments principaux de ces investissements conséquents sont le Centre d’intervention et de secours au Ban de Gasperich (15,2 millions d’euros), le complexe scolaire et sportif de la rue Léon-Kauffmann au Cents (12 millions), l’école centrale de Clausen (5 millions d’euros), l’école Aloyse-Kayser (4 millions d’euros), le développement du Ban de Gasperich (8 millions d’euros), l’extension du parking souterrain du Knuedler (5,4 millions d’euros), la construction d’une résidence de 36 logements sociaux à Mühlenbach (3 millions d’euros).
Une réserve de… 730 millions d’euros!
Ces dépenses, auxquelles s’ajoutent les frais de fonctionnement inhérents à une entité qui emploie près de 4 000 personnes (l’administration générale coûte 25,5 millions d’euros), augmentent chaque année. Les dépenses extraordinaires sont passées de 158,4 millions d’euros en 2014 à 240,2 en 2015 puis 339,5 cette année. « Cela s’explique par les opportunités d’acquisition survenues cette année, justifie la première échevine, Sam Tanson. Des achats qui ne viennent d’ailleurs répondre qu’à des besoins prioritaires : l’éducation, la politique sociale… »
Un terrain acheté 20 millions d’euros à Cessange permettra de construire une nouvelle école. Sur les friches de Villeroy & Boch, également acquises le mois dernier (14 millions d’euros), des logements seront érigés. L’office social prendra ses quartiers à sa nouvelle adresse de la rue de Strasbourg. Du fait de ces achats imprévus, l’équilibre budgétaire ne pourra pas être atteint pour la deuxième année consécutive. En 2015, le boni se montait à 19,7 millions d’euros, mais cette année, le mali se monte à 103,2 millions d’euros.
Pour l’année prochaine, avec un budget ordinaire qui présente un excédent de 147,9 millions d’euros, mais un déficit de 231,3 millions d’euros pour le budget extraordinaire, le mali prévu est de 83,4 millions d’euros.
Une situation qui, pourtant, n’inquiète absolument pas le collège échevinal. En effet, le bas de laine de la commune est très confortable. « Si l’on additionne le fonds de réserve et l’excédent reporté, nos réserves se montent à près de 730 millions d’euros », avance Sam Tanson. De quoi voir le futur sereinement, effectivement.
Les conseillers communaux interviendront lundi prochain et le collège échevinal répondra le 19 décembre. Le budget sera voté dans la foulée.
Erwan Nonet