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Bientôt les vendanges : une année parfaite pour les vignerons


Jusque-là, l'année a été parfaite : les vignes sont saines et la qualité des raisins est optimale. Les vendanges, elles, devraient débuter autour du 20 septembre. (photo archives LQ)

En 2014, ils étaient déjà très contents et, en 2015, ils frôlent l’euphorie : c’est que l’année, jusqu’ici, a été pratiquement parfaite pour la vigne. Si les premières vignes plantées de cépages précoces ont été vendangées ces derniers jours, c’est surtout à partir de la semaine du 21 septembre que l’on devrait sortir les sécateurs entre les rangs.

En ce moment, il n’y a pas plus de vignerons qui font la tête que de verres vides à la fête du Raisin et du Vin de Grevenmacher! Tous sont aux anges : ce millésime 2015 – si aucune catastrophe météorologique n’a lieu dans les prochains jours – promet d’être tout simplement exceptionnel.

« La qualité des raisins est excellente », se félicite Luc Roeder (maison viticole Roeder, à Steinheim), vigneron bio du côté de Rosport. Si on en est là, c’est que le temps a été parfait. Car pour faire du bon raisin, outre un bon sol, il faut du soleil et peu de pluie. Et à ce niveau, du printemps à la fin de l’été, la Moselle a été servie!

Selon le bulletin météorologique de l’été publié par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), la température par rapport à la moyenne 2001-2010 a été supérieure de 0,8 °C cette année à Grevenmacher et de 1,2 °C à Remich. Il ne faut pas s’y tromper, même si cela ne paraît pas énorme, cela correspond à une hausse très significative.

Les précipitations ont elles aussi offert des données rarissimes. À la suite des mois de mai et juin extraordinairement secs, il a plu 20 % de moins que la normale à Grevenmacher et 28 % à Remich sur les mois de juillet et août.

Cette sécheresse a eu des effets contradictoires sur les ceps. « Les vieux pieds n’ont pas souffert, leurs racines sont assez longues pour aller puiser l’eau loin dans le sol, souligne Jean-Paul Krier (domaine Krier-Bisenius, à Bech-Kleinmacher). Par contre, pour les jeunes plants, ceux qui ont moins de 10 ans, ça a été beaucoup plus dur. J’ai souvent dû couper les raisins pour qu’ils ne s’épuisent pas. C’était la seule façon de les sauver. »

Des raisins plus petits, mais plus aromatiques

Aly Leonardy, vigneron pour Vinsmoselle, insiste sur le nécessaire travail entre les rangs : « Nous avons beaucoup travaillé pour contrecarrer la sécheresse. En retournant les sols des jeunes vignes, on évite un peu l’évaporation de l’eau. » Malgré leur âge, les vieilles vignes sont toutefois marquées par les faibles quantités d’eau disponibles : « Du fait du manque d’eau, les baies sont plus petites que d’habitude », explique Luc Roeder. Un état qui est loin d’être négatif, puisqu’« elles sont beaucoup plus aromatiques comme cela », se réjouit le vigneron.

«Une meilleure récolte qu’en 2014»

« Ce qui est très positif, également, ce sont les nuits froides que nous avons en ce moment, ajoute Jean-Paul Krier. Grâce à elles, les raisins prennent encore plus d’arômes : ils sont extras! »

Grâce au beau temps et au peu d'eau qui est tombé, les vignes sont dans un état sanitaire impeccable. (photo archives LQ)

Grâce au beau temps et au peu d’eau qui est tombé, les vignes sont dans un état sanitaire impeccable. (photo archives LQ)

Cette année, les vignes ont été, de surcroît, extraordinairement saines. Quasiment aucun foyer de maladies cryptogamiques (mildiou, oïdium, botrytis) ne s’est déclaré sur la Moselle. Pour les vignerons, c’est une aubaine : « On n’aurait pas pu avoir une année plus facile! », jubile Guy Krier (domaine Krier-Welbes, à Ellange-Gare). Le vigneron, qui travaille aussi en bio, donne pour exemple ses vignes plantées de cépages interspécifiques, ces variétés croisées naturellement qui résistent bien mieux aux maladies et qui nécessitent donc moins de traitements. « Cette année, je n’ai pas eu à intervenir une seule fois! », s’enthousiasme-t-il.

Bonne nouvelle supplémentaire : la petitesse des grains de raisin n’influera même pas sur les rendements, étant donné que les ceps portent plus de grappes que d’habitude. « Je pense même que nous devrions avoir une meilleure récolte qu’en 2014 qui, à ce niveau, était dans la moyenne », assure Luc Roeder.

Bien qu’il ne faille jurer de rien et qu’une récolte n’est assurée qu’à partir du moment où elle est dans la cave, les signaux pour 2015 sont donc excellents. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour des vignerons qui avaient souffert en 2012 et 2013, deux années climatiques particulièrement mauvaises lors desquelles les rendements avaient été très bas.

A priori, les vendanges devraient vraiment débuter autour du 20 septembre. Mais si la météo reste favorable, compte tenu de l’excellent état sanitaire des raisins, il est probable que des vignerons laissent filer quelques jours supplémentaires, histoire d’atteindre des degrés de maturité qui ne représentent d’habitude que de doux rêves inatteignables…

Erwan Nonet