Fermé depuis le 13 octobre, le Parc Merveilleux rouvrira au public le 28 mars. Si quelques animaux du parc hibernent, la grande majorité d’entre eux sont bien actifs durant l’hiver.
Au Parc Merveilleux, peu d’espèces animales hibernent ou adoptent un comportement spécifique durant la saison hivernale. Comme le souligne en effet le vétérinaire du parc, Guy Willems, les animaux exotiques vivent dans des pavillons et maisonnettes chauffés, comme en été. D’un autre côté, «les loups polaires, manchots et pandas roux sont bien heureux en hiver car ils n’aiment pas les températures élevées. Et s’il pouvait faire encore bien plus froid, ça les arrangerait», indique le vétérinaire.
Les tortues grecques mises au frigo
Le parc possède sept tortues grecques qui sont placées dans un réfrigérateur à 8°C, sur des feuilles séchées, le temps de leur hibernation. «D’habitude, elles creusent et se mettent sous terre pour hiberner, mais avec le climat actuel, s’il fait 12 à 15°C au mois de décembre, elles ressortent de terre. Et cela provoque d’importants problèmes de métabolisme, car durant leur hibernation, leur métabolisme est réduit à son plus bas niveau. Elles deviennent raides et sont complètement inactives; en clair, elles dorment. La consigne est de ne pas ouvrir le frigo, sauf lors des contrôles de température faits par l’animalier du parc, à raison d’un contrôle par semaine», souligne le vétérinaire.
Concrètement, les employés du parc arrêtent de nourrir leurs tortues à la mi-octobre, avant qu’elles ne soit mises au frigo jusqu’au mois d’avril, voire au mois de mai. «Et ensuite, cela prend aussi du temps avant que leur métabolisme ne se remette au niveau d’avant, car on doit éviter un choc thermique. En général, c’est une affaire de deux semaines.»
Outre ces tortues, il y a également les petits Tenrecs de Madagascar (animaux qui ressemblent aux hérissons) qui hibernent, mais seulement partiellement. «On parle de semi-hibernation, car ils sont beaucoup moins actifs pendant l’hiver, c’est-à-dire qu’ils bougent moins et qu’ils mangent moins. De notre côté, nous les nourrissons en moins grande quantité, et avec de la nourriture moins riche. Cela signifie que nous ne leur donnons pas de fruits et légumes frais, mais de la nourriture sèche, à savoir des croquettes qu’ils ne mangent presque pas», précise Guy Willems. «Le fonctionnement de leur métabolisme et la température de leur corps baissent tellement qu’ils n’ont pratiquement plus besoin d’énergie», ajoute le vétérinaire du parc. Le bassin du parc, lui, est peuplé de carpes koï. «Quand l’eau refroidit, le métabolisme des carpes se réduit sérieusement et on ne les nourrit plus. Mais en ce moment, c’est un peu limite, car il ne fait pas assez froid, de sorte que la surface du bassin n’est pas gelée», explique le vétérinaire du Parc Merveilleux.
Changement climatique vecteur de virus
De manière plus générale, l’impact du changement climatique, au Parc Merveilleux, «est surtout lié aux insectes», selon Guy Willems. «Nous constatons, en effet, la présence de moustiques, qui étaient auparavant absents dans nos contrées. Or ceux-ci sont porteurs d’une maladie qui est remontée depuis le sud de la France et à laquelle nous sommes désormais confrontés, ici, dans nos contrées. Je pense au virus Usutu qui n’existait pas du tout dans notre région mais qui, depuis son apparition, cause des problèmes, car les moustiques vecteurs du virus s’attaquent surtout aux oiseaux et aux rapaces.»
À part ce cas d’espèce, le vétérinaire rappelle que des étés très chauds conviennent très bien à la plupart des animaux du parc (qui sont des animaux exotiques provenant de pays chauds). «Nous avons bien plus d’animaux qui sont très heureux en été», souligne Guy Willems.
Quelques mesures spécifiques
Malgré les températures relativement hautes, le parc est cependant préparé à tout type de situations. «Nous avons quelques oiseaux qu’il nous faut mettre à l’abri, à l’intérieur, en cas de gel. De même, nous devons rentrer nos singes lémuriens malgaches quand il commence à geler sérieusement, jour et nuit, afin d’éviter que leurs doigts ou que leur queue ne gèlent. La plupart de nos animaux ont un double accès (ou espace réservé) intérieur/extérieur. De ce fait, nous nous devons de garder les lémuriens à l’œil, car s’il y a des tensions dans le groupe et qu’un lémurien reste à l’extérieur, il y a danger pour lui.»
Par ailleurs, le Parc Merveilleux possède plusieurs flamants roses. «Ces animaux proviennent de l’hémisphère sud et ils pondent des œufs quand, ici au Luxembourg, c’est l’hiver. Les flamants roses se trouvent dans une maisonnette chauffée et on les laisse faire. En 2019, trois jeunes flamants roses sont nés. Et, pour l’instant, il y quatre à cinq œufs qui ont été pondus», explique encore Guy Willems. Ils sont d’ailleurs plusieurs animaux à bénéficier d’une lampe chauffante dans leur enclos, sans parler des grands pavillons, dont celui dédié au continent africain, qui sont également chauffés et dont les surfaces sont bien plus conséquentes.
En ce sens, les effets de la saison hivernale restent finalement limités, si ce n’est sur un point, à savoir «la facture de gaz», selon le vétérinaire, «bien que cet hiver-ci soit très doux».
Claude Damiani
Les employés non plus
Si le Parc Merveilleux ne rouvrira que le 28 mars, les employés du parc sont bien présents et ils s’activent durant sa fermeture annuelle au public. «Il y a une centaine d’employés sur le site durant l’hiver, à laquelle s’ajoute encore une trentaine de collaborateurs durant l’été, comme des saisonniers», indique le vétérinaire du parc, Guy Willems. Aux petits soins pour les pensionnaires du parc, la centaine d’employés s’affaire notamment en cuisine (animalière) et dans les différents pavillons et enclos. Cela dit, il s’agit également de prester des soins aux animaux et d’entretenir le parc.
À noter enfin que si le parc est fermé au grand public durant l’hiver, il reste ouvert à des classes scolaires, dans le cadre de sorties pédagogiques.