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Antigaspi, voilà du concret


(Photo : Didier Sylvestre)

Les communes se mobilisent contre le gaspillage alimentaire, dans le cadre du pacte antigaspi. Focus sur le bel exemple de la cantine de Dippach.

La première journée nationale des communes ayant adhéré au pacte de solidarité contre le gaspillage alimentaire s’est déroulée hier.

Les chiffres sont accablants. Et les sourires affichés hier à Luxembourg lors de la première journée nationale des communes adhérentes au plan antigâchis n’y changent rien. Le Grand-Duché est classé troisième pays européen qui fait le plus de gâchis alimentaire, proportionnellement au nombre d’habitants bien sûr (statistiques de l’OCDE).
Les résidents gâchent en moyenne 340 grammes de nourriture par jour. Face à ce phénomène, le gouvernement a mis en place un plan antigaspillage ambitieux, en partenariat avec les communes, pour notamment cibler les pertes dans les infrastructures publiques.

Lancé en 2015, ce plan rassemble désormais 59 communes, réparties de façon homogène dans tout le pays. Les initiatives prennent vite. Diekirch est la dernière commune en date à avoir adhéré au réseau. Mais l’exemple de progrès le plus frappant vient de Dippach. Là-bas, la maison relais est gérée par la branche logistique de la Croix-Rouge (CR Services) : «200 repas concentrés sur deux heures lors de la pause de midi», explique Bernard Rydz, le chef cuistot. L’équivalent d’un mariage chaque jour : quel boulot!

Pour traquer le gaspillage, la Croix-Rouge a mis en place un plan de lutte en deux parties. «Tout d’abord, remplacer le service repas par un buffet, explique Arnaud Messing, responsable de l’approvisionnement. Deuxièmement, cuire les plats au fur et à mesure de la demande.»

Mieux anticiper les portions à la cantine

Dans le premier volet, l’objectif est de responsabiliser les enfants, qui peuvent maintenant, comme les grands, juger des quantités qu’ils veulent manger. «Et ça marche, constate Arnaud Messing. Depuis la mise en place des buffets, nous avons économisé environ un cinquième de nourriture.»

Dans le deuxième volet, c’est le chef qui prend le relais. «On prépare les plats à l’avance, mais on ne cuit pas tout d’un coup. Nous avons deux gains : nous ajustons la consommation par rapport à la demande. Et surtout, la nourriture qui n’est pas encore cuite peut être donnée aux plus démunis.» Il s’agit alors de respecter la chaîne du froid et la sécurité alimentaire. «Nous n’arrivons pas à donner 100 % de la nourriture, admet Arnaud Messing. Mais nous allons vraiment pouvoir tester ce dispositif cet hiver, avec la réouverture des centres.»

La Croix-Rouge de Dippach a pu récemment évaluer, sur une semaine de sensibilisation, l’impact de tous ces efforts : «Notre perte est désormais égale aux seules portions de roulement (NDLR : invités irréguliers par rapport à la fréquentation moyenne de la cantine)», indique Arnaud Messing.

Hubert Gamelon

Un chef plus créatif que jamais!

Le chef de la cantine de Dippach a vu son métier changer avec les nouveaux objectifs antigâchis. «Il y a un an, on faisait des assiettes avec des parts égales. Maintenant, on anticipe ce qui va marcher ou pas auprès du buffet des écoliers», sourit-il.

Évidemment, à ce petit jeu-là, pas question de servir des frites tous les midis. «Nous respectons toujours l’équilibre alimentaire avec les légumes. Mais si j’ai des haricots qui n’ont pas marché (NDLR : donc pas encore cuits avec la nouvelle règle de la préparation ajustée), alors j’essaie de réinventer un nouveau plat avec dans la semaine ou une salade… Ne pas faire de gâchis, ça demande beaucoup plus de créativité!»

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