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70 ans de la capitulation nazie – Impossible d’oublier Tambov


Les historiens russes et les anciens de Tambov ont échangé durant un long moment.

Le Centre culturel et scientifique de Russie a organisé, mercredi, une rencontre avec des anciens de Tambov. Portrait de Jos Steichen, l’un d’eux, aujourd’hui âgé de 90 ans.

Dans la salle d’exposition du Centre de documentation et de recherche sur l’enrôlement forcé (CDREF) à Luxembourg-Hollerich, trois monsieurs, dont un avec une canne et un autre qui s’agrippe à son marcheur. Le troisième est assis sur une chaise. C’est Jos Steichen, le plus jeune des trois.

Il a 90 ans. Il est né à Weimerskirch et suivait une formation de serrurier à l’Institut Emile-Metz à Dommeldange, lorsque le 31 août 1942, en pleine occupation du Luxembourg, il incite des travailleurs à faire grève. C’était à proximité de l’hôpital d’Eich. «Je suis le dernier survivant de la grève générale», dit-il. Il le répètera plusieurs fois.

Le 30 août, Gustav Simon, chef de l’administration civile nazie, avait décrété le recrutement de force de tous les jeunes Luxembourgeois. Le lendemain, le pays entier était en grève. Mais elle coûtera la vie à vingt et un hommes, condamnés à mort et sommairement exécutés à Hinzert. Jos Steichen est lui-même arrêté le 1er septembre par la Gestapo, puis incarcéré à la Villa Pauly.

S’il ne fut pas fusillé comme les autres, il le devait à son jeune âge. Il fut néanmoins condamné au RAD, le service du travail du Reich, puis à intégrer la Wehrmacht. Incorporé à la 6e division des blindés, il sera envoyé sur le front russe, proche de la ville de Belgorod.

Obligé de taire le sort des siens

Le 5 août 1943, dans le village de Dolbino, Jos Steichen réussit à s’évader avec un ami luxembourgeois. «Nous étions cachés dans un champ de maïs», se souvient-il. Devant eux, un canon allemand, sans cesse bombardé par l’aviation russe. Lorsque le calme est revenu, ils se sont rendus à un soldat de l’Armée rouge. «Un Mongol», précise Jos Steichen, qui sait déjà qu’il ne va de nouveau pas fermer l’œil de la nuit.

Il n’aime pas se souvenir, mais le médecin lui a conseillé de ne pas garder son histoire pour lui. Alors, il parle. Aux élèves, aux journalistes. Le 25 août, Jos Steichen arrive à Rada, où se trouve le camp n° 188 de Tambov qui regroupe une grande partie des prisonniers d’Alsace et de Moselle, ainsi qu’environ 1 000 Luxembourgeois.

On y vit dans la plus grande promiscuité dans des baraques creusées sous terre pour se protéger contre le froid terrible.

Après avoir travaillé au sein du commando affecté à la collecte du bois, Jos Steichen, qui s’était blessé au dos, est réaffecté à l’infirmerie. Treize de ses compatriotes mourront dans ses bras. Ce qui chagrine encore aujourd’hui le nonagénaire, c’est qu’à son retour à Luxembourg, le 5 novembre 1945, la Sûreté lui aurait interdit d’informer les familles sur le sort de leurs fils.

Frédéric Braun

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Joe Steichen : « Je suis le dernier survivant de la grève générale de 1942 »

Steve Kayser le directeur du Centre de Documentation et de Recherche sur l’Enrôlement forcé a tenu à revenir sur l’intérêt de cette journée.

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