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Virton : les carottes sont cuites pour le projet de circuits courts


Le projet de légumerie-conserverie et de valorisation des produits de viande de l’abattoir vient d’obtenir une fin de non-recevoir des autorités. (archives Editpress)

Le parc naturel de Gaume avait un beau projet de circuit court depuis 2015. Mais il a traîné en cours de route et il faut tout reprendre à zéro.

On ne peut vraiment pas incriminer une personne ou une administration. Car les procédures de cheminement des dossiers à l’administration et dans les cabinets ministériels prennent parfois tellement de temps que les conditions réunies quelques années plus tôt pour finaliser un dossier ne sont plus réunies des années plus tard. Parce que les règles de financement ont changé. Parce que parfois, aussi, les données inhérentes à l’attribution du marché ont évolué. La Ville de Virton et son partenaire, le parc naturel de Gaume (PNG), viennent d’en faire tristement les frais. Initié dès l’année 2015 par la Ville qui décidait de mettre à disposition du PNG un de ses terrains devant l’abattoir communal, ce projet de légumerie-conserverie et de valorisation des produits de viande de l’abattoir vient d’obtenir en bout de course une fin de non-recevoir du gouvernement wallon et de l’administration.

Des matériaux trop chers

Cause principale du problème : le coût exorbitant des matériaux de construction qui a grimpé en flèche depuis la pandémie. «Quand nous avons ouvert il y a quelques semaines les offres de soumissionnaires pour la construction de ce hall relais agricole à Virton, nous avons été très surpris», explique Nicolas Ancion, directeur du parc naturel de Gaume dont le siège est à Rossignol. «Après réception des offres, nous arrivions déjà à un total de 631 000 euros, soit un budget initial dépassé de 231 000 euros ! Le coût réel de construction du bâtiment prévu pour Virton dépassait déjà de 50 % le budget initial lié aux subsides de la Région wallonne et sur lequel s’était calqué l’architecte pour son métré d’estimation. Une augmentation spectaculaire du prix des matières premières à la suite de la pandémie», fait-il observer.

Comment le dossier de la légumerie-conserverie a-t-il alors évolué ? Fin novembre 2021, une réunion s’est tenue entre le cabinet du ministre wallon de l’Agriculture Willy Borsus, l’administration du Service public de Wallonie et la Coopérative fermière de la Gaume (réunissant des éleveurs et des maraîchers gaumais). «Lors de cette réunion, on a recherché les pistes pour pouvoir réaliser ce hall relais agricole, dit Nicolas Ancion. Pour faire des économies, nous devons abandonner le projet de construction dans le terrain pentu devant l’abattoir de Virton (NDLR : le terrain est en pente et il apparaît moins onéreux de rénover un bâtiment existant qu’en construire un neuf).» Mais qui dit nouveau projet et nouvelle localisation implique aussi la perte des subsides qui étaient liés au projet initial. Il faut aussi recommencer la procédure pour le permis de bâtir qui avait bel et bien accordé en 2019. «Nous espérons nous porter candidats dans un nouvel appel à projets lancé par la Région wallonne en 2022, mais la subsidiation sera moins intéressante, la moitié de ce qu’on pouvait obtenir avec le premier projet retenu», ajoute Nicolas Ancion.

Dominique Zachary (L’Avenir)

Les réactions

Échevin responsable de l’abattoir à Virton, Vincent Wauthoz, dit vouloir rebondir après cet abandon de l’actuel projet. «Le collège communal n’a rien à voir avec les retards qui ont été engendrés dans ce dossier. Mais je ne regrette pas ce projet annexe à l’abattoir car le terrain prévu pour ce hall relais agricole était étriqué et en pente. Nous avons un plan B car nous croyons toujours en ce projet de légumerie-conserverie. J’ai fait visiter à Nicolas Ancion, directeur du parc naturel de Gaume, le rez-de-chaussée et les caves du bâtiment des Vatelottes avenue Bouvier, que nous allons acquérir. On pourrait réaliser là ce projet de valorisation de nos circuits courts.»

Ancien échevin responsable de l’agriculture et de l’abattoir Étienne Chalon, aujourd’hui dans la minorité au conseil communal (groupe Citoyens), avait initié ce projet de légumerie-conserverie dès 2015 quand il siégeait au collège : «Et je me souviens très bien qu’à la Foire de Libramont en juillet 2016, le ministre René Collin m’avait annoncé la promesse de principe de subsides de 480 000 euros. Je suis d’autant plus peiné et déçu que 5 ans et demi plus tard, ce beau projet n’aboutisse pas. Encore une opportunité que l’actuel collège communal de Virton n’a pu saisir alors qu’ils avaient tout cet argent public à leur portée ! Le nouvel appel à projets de la Région wallonne apporte beaucoup moins de financement.»