À Villerupt, 76 propriétés sont visées par des expropriations préalables à un projet d’ÉcoQuartier. Une quarantaine de détenteurs de terrains se sont rassemblés en collectif pour manifester leur désaccord avec la démarche de l’EPA Alzette-Belval.
La grogne monte dans le quartier de Cantebonne, à Villerupt, où 76 propriétés sont désormais visées par des procédures d’expropriation. La démarche est liée au projet d’un ÉcoQuartier, lui-même rattaché à l’opération d’intérêt national conduite dans le bassin par l’Établissement public d’aménagement (EPA) Alzette-Belval.
Début décembre, les détenteurs et locataires des 120 parcelles concernées – pour une surface de 16 hectares de jardins et cultures céréalières – ont été avisés par un courrier de l’Établissement public foncier de Lorraine (EPFL). La lettre a provoqué l’incompréhension, voire la colère des destinataires… Et pour cause, elle est parvenue entre les deux tours des élections régionales, «à la suite des attentats de Paris et juste avant les fêtes de fin d’année. Autant dire qu’on avait la tête à autre chose», pointe Colette Spinelli, l’une des propriétaires. Depuis, cette habitante de Mercy-le-Bas est devenue le porte-parole du collectif des opposants à l’expropriation. Elle représenterait aujourd’hui une quarantaine de personnes.
«Pas opposés au projet»
En leur nom, la Mercéenne dénonce d’abord la forme de la démarche de l’ensemble EPA-EPFL. «Les premiers courriers sont arrivés le 9 décembre et certaines personnes concernées n’en ont même pas eu. Puis, lors des 15 jours d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique, du 7 au 22 décembre, les permanences se sont résumées à trois demi-journées !» Enfin, le collectif dénonce un simulacre de réunion d’information, le 6 janvier au foyer Bouillon : «Ça ressemblait à quelque chose de bâclé. C’était pour dire qu’il y avait eu une réunion !», assène Michel Bartolozzi, un Villeruptien détenteur de 7 ares de jardin remis en cause par l’ÉcoQuartier.
Mais les critiques ne portent pas uniquement sur la forme. Sur le fond, le collectif tique quant au prix de rachat mentionné par l’EPFL : environ 5 euros par mètres carrés. Seulement, lors du conseil municipal du 7 décembre, les élus villeruptiens ont délibéré à l’unanimité pour autoriser la vente du stade Rerman – un terrain communal – à un tarif bien plus intéressant. Soit 20 euros par mètres carrés, pour le terrain de football, ses vestiaires et son parking. «C’est inadmissible que ce stade, situé juste à côté des jardins, puisse être proposé à un tel prix», s’étonne la porte-parole.
Enfin, Colette Spinelli s’interroge sur l’esprit même du dossier : «On nous parle d’ÉcoQuartier, mais il n’a d’éco que le nom ! Ce projet ne respecte pas le Grenelle de l’environnement, il est anti-COP21. C’est du béton qui va remplacer des terres cultivées et ceci sans compensation.»
La Mercéenne est d’ailleurs bien au fait de l’usage actuel de cet espace : l’agriculteur les cultivant n’est autre que son frère. Ici, Jean-Claude Vannière exerce son activité sur une surface de 6 hectares, dont 4 sont loués à la Ville de Villerupt. Pour autant, «nous ne sommes pas opposés au projet, conclut Colette Spinelli. Mais il faudrait déjà nous convaincre de son utilité…»
Xavier Jacquillard (Le Républicain Lorrain)