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Victime de l’attentat de Strasbourg, Audrey Wagner témoignera au procès « pour tourner la page »


(Photo : archives/lq)

Audrey Wagner, originaire de Stiring-Wendel, était au marché de Noël de Strasbourg avec sa famille le 11 décembre 2018, quand elle a croisé le chemin du terroriste Cherif Chekatt, qui fera cinq morts. Elle s’apprête à témoigner en tant que partie civile au grand procès parisien qui s’est ouvert jeudi dernier.

Jeudi dernier, le 29 février, Audrey Wagner et son compagnon se sont rendus à Paris pour l’ouverture du grand procès de l’attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui se tient au palais de justice jusqu’au 5 avril. « Je voulais être présente lors de ces premières journées et assister à la présentation des accusés », explique-t-elle. « Pour le symbole et parce que ce procès signifie la fin d’une période pour moi, c’est une page qui se tourne. » Victime de l’attentat, la quadragénaire originaire de Stiring-Wendel s’est constituée partie civile. Elle témoignera le 13 mars pour raconter ce qu’elle a vécu ce soir-là et les cinq années suivantes.

Être face aux accusés

Le 11 décembre 2018, Audrey Wagner, 35 ans, se rend au marché de Noël de Strasbourg avec son compagnon, leurs trois filles, un couple d’amis et leur enfant. Peu avant 20 h, le groupe croise le chemin de Cherif Chekatt , rue des Grandes Arcades. Le terroriste prend pour cible l’ami du couple et une femme, grièvement blessés. Il tue un homme d’une balle dans la tête. En l’espace de dix minutes, il fera cinq morts et onze blessés et réussira à prendre la fuite. Après deux jours de traque, il sera abattu par la police. Une soirée de l’horreur pour Audrey Wagner et sa famille. « Nous n’avons pas été blessés physiquement mais nous avons vu l’atrocité et vécu le traumatisme », souffle-t-elle. « C’est pour cela que je veux témoigner. »

Le procès qui s’est ouvert à Paris juge quatre hommes. Ils doivent répondre de leur rôle dans la préparation du périple meurtrier de Cherif Chekatt. « Jusqu’à présent, je n’avais jamais cherché à connaître leur visage », confie Audrey Wagner. « Jeudi, je les ai vus pour la première fois, dans le box de l’immense salle d’audience. J’ai observé leur attitude rapidement, par curiosité, sans trop m’attarder. Seul l’un d’eux s’est excusé quand il a été invité à s’exprimer. » Dans l’ambiance pesante du palais de justice, elle s’est sentie fébrile. « J’étais plutôt sereine avant de venir, mais le procès remue pas mal de choses, la charge émotionnelle est grande. C’est impressionnant de se retrouver là, de voir tout ce monde, les victimes que l’on a pour beaucoup déjà croisées lors des commémorations ou dans les associations de soutien. »

Un livre pour se reconstruire

Pour se reconstruire après le traumatisme du 11 décembre, Audrey Wagner a écrit un livre. SURvivante est sorti en mai 2023. Elle y raconte ce qu’elle a vécu, cette difficulté à se considérer comme une victime, elle, « vivante, sans blessure visible ». C’est aussi ce qu’elle dira à la barre le 13 mars. « Ce sera l’une des rares fois où je verbaliserai les choses. Je n’ai pas d’appréhension particulière. C’est la suite logique, l’étape finale. Je vois ce procès comme un enterrement. Cet attentat fera toujours partie de ma vie mais, avec mon compagnon et mes filles, on a repris le dessus, on avance. » Depuis 2018, Audrey Wagner n’a pas remis les pieds rue des Grandes Arcades et évite Strasbourg durant la période de Noël. Dans les salles de concert, elle repère les sorties de secours avant tout. Elle évite la foule. Une fois le procès fini, cette ancienne fleuriste se concentrera sur l’écriture. Elle travaille déjà sur un prochain livre. Loin de ce 11 décembre 2018

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