La cession de l’usine de rails de Hayange (Liberty Steel) et de sa cousine Ascoval (Saint-Saulve) interviendra au plus tard à la mi-juillet. Six groupes ont remis leur offre à Bercy, qui doit maintenant les examiner avant de désigner leur nouvel actionnaire. Mais qui sont-ils et quels sont leurs atouts ?
ArcelorMittal
Poids lourd mondial de la sidérurgie et de la métallurgie, le groupe ArcelorMittal est un client sérieux pour la reprise des deux usines (Hayange et Saint-Saulve). Ces acquisitions lui permettraient de renforcer sa présence en France ( 15 500 salariés dont 2 200 dans la vallée de la Fensch , 8 millions de tonnes d’acier produit), et de compléter ses actifs européens dans le domaine du rail. Le groupe présente de nombreux atouts : multiples centres de Recherche et Développement dans le domaine du rail, capacité d’investissement et de stockage, logistique… ArcelorMittal prévoit d’investir à court terme dans ces deux usines et d’assurer leur pérennité en les intégrant dans son réseau européen. Le groupe promet de maintenir l’emploi aux niveaux existants. Mais ses atouts sont à double tranchant pour l’usine de Hayange, qui pourrait de fait perdre son indépendance : ArcelorMittal possède déjà de nombreux laminoirs à rails en Europe, et pourrait être tenté d’externaliser certains services.
Saarsthal
Implanté en Allemagne depuis la fin du XIXe siècle, le groupe Staarsthal est l’une des plus grandes entreprises de Sarre. La société emploie environ 5 300 personnes dont 2 200 sur ses trois sites de production en Allemagne (Völklingen, Saarebruck et Neunkirchen). En 2019, son chiffre d’affaires a atteint 1,6 milliards d’euros. Produisant essentiellement du fil acier et des barres, Saarsthal a des clients dans les secteurs de l’automobile, de la construction et des machines lourdes. Son offre concerne les deux sites de Hayange et de Saint-Saulve (Ascoval). Suffisant pour convaincre Bercy ? Si ses 60 millions d’euros d’investissement en 2019 jouent en sa faveur, le chiffre d’affaires est en baisse de 23 % en 2020 et le résultat avant intérêt (Ebitda) est négatif. Par ailleurs, le groupe a engagé un vaste plan de réduction d’effectifs en 2019 : 1 500 postes ont été supprimés.
Échange avec @Economie_Gouv : les intérêts des sites d’Ascoval/Hayange seront préservés quelques soient les incertitudes financières. Aujourd’hui comme hier, les 450 salariés de #LibertySteel à Hayange sauront compter sur mon engagement @LeRL_Thionville @Hebdo_LaSemaine
— Brahim Hammouche (@BHammouche5708) March 10, 2021
Beltrame
Le numéro un de la sidérurgie en Italie employait 2 038 salariés en 2019. Il possède six usines en Italie, en Suisse, en Roumanie et en France (Trith-Saint-Leger, Nord). Doté d’une aciérie (fours électriques) et de deux laminoirs, Beltrame est spécialisé dans la fabrication de produits longs destinés au marché de la construction, et dans celle du fil acier. Le rail viendrait compléter son catalogue. Son chiffre d’affaires flirtait avec les 1,2 milliards d’euros en 2019. L’Italien a formulé une offre pour les deux sites de Hayange et Saint-Saulve.
Acciaierie Veneto
Depuis 1957, Acciaierie Veneto fabrique des produits semi-finis et finis : blooms, barres, billettes pour les secteurs de la construction, de l’outillage et de l’automobile. La société emploie 1 300 salariés sur dix sites de production (six laminoirs, trois aciéries électriques…) principalement dans le nord de l’Italie et à Zurich, pour un chiffre d’affaires de 883 millions d’euros. Sa capacité de production avoisine les 1,9 millions de tonnes par an. L’entreprise pourrait s’implanter en France avec l’acquisition des deux usines et diversifier son catalogue.
Sidenor
L’entreprise espagnole a finalement déposé une offre de reprise, mais elle concerne uniquement l’usine de Hayange. Elle a donc peu de chance d’être retenue par Bercy. Sur le papier, sa capacité de production (1 million de tonnes par an), la diversité de ses produits (barres, fils, blooms, aciers plats, tubes…), ses 1 633 salariés en Espagne (Pays Basque, Catalogne), et ses 47 millions d’euros d’investissement en 2020 en font pourtant un outsider crédible. Mais avec 493 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020 (en baisse) et des pertes nettes (-39 millions d’euros), ses finances semblent fragiles.
« L’Etat et la @regiongrandest doivent prendre leurs responsabilités » demande l’@appel_inedit pour sauver l’industrie du #GrandEst et nos emplois ! #LibertySteel #Hayange ? https://t.co/RXpko8fPKn
— Paul Bondot (@p_bondot) March 10, 2021
Jindal
L’Indien s’était déjà positionné il y a un an, lors du rachat de l’usine par Liberty Steel. Sa stratégie reste identique : le groupe sidérurgique, leader dans son pays dans le secteur de l’énergie et de l’acier, se positionne sur l’usine de Hayange uniquement. Peu de chances, donc, que Bercy ne retienne sa candidature. Jindal Steel and Power est une filiale du groupe Jindal, l’un des leaders indiens dans le marché des matériaux (acier, polyester, plastiques, aluminium…). Jindal Steel and Power produit principalement de l’acier (produits finis dont des rails et semi-finis) et de l’énergie, grâce notamment à ses mines de fer présentes sur son territoire mais aussi en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Australie. Son chiffre d’affaires dépasse les 5 milliards d’euros annuels.
Damien Golini (Le Républicain Lorrain)