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Tueurs du Brabant : l’enquête clôturée


La série de braquage sanglants entre 1982 et 1985 avait traumatisé la Belgique. 

Après 40 ans d’enquête, le dossier sur les tueurs du Brabant est fermé. Aucun suspect n’a été retrouvé. Vingt-huit personnes avaient été tuées lors de cette vague d’attaques.

Des milliers d’empreintes digitales vérifiées, des centaines d’échantillons d’ADN comparés. En vain. La justice a clos le dossier des «tueurs du Brabant», une série de braquages sanglants qui avait traumatisé la Belgique il y a 40 ans et restera probablement à jamais inexpliquée. Vingt-huit personnes au total avaient été tuées dans cette série de braquages de supermarchés et de petits commerces dans le centre de la Belgique entre 1982 et 1985.

Vendredi, le parquet fédéral belge, qui centralisait l’enquête depuis six ans, a dû affronter l’incompréhension de certaines familles de victimes, en les réunissant pour leur annoncer la fin des investigations. «Tous les actes d’enquête possibles ont été effectués (…) Malheureusement, nous n’avons pas été en mesure de faire remonter la vérité à la surface», a déclaré la cheffe du parquet fédéral, Ann Fransen, lors d’une conférence de presse. Elle a dit regretter «le nouveau coup de massue» que représente cette annonce pour les familles, tout en soulignant la nécessité d’être «clair et transparent» avec elles. «C’est l’enterrement du dossier, ça me rend très triste», a réagi Irena Palsterman, dont le père est une des huit victimes de l’attaque du supermarché Delhaize d’Alost, le 9 novembre 1985.

Les tueries ont eu lieu en deux vagues. La seconde, à l’automne 1985, s’est avérée particulièrement sanglante, frappant au hasard des familles avec enfants allées faire leurs courses. Au total, 16 personnes sont mortes les 27 septembre et 9 novembre 1985. Une des pistes les plus sérieusement envisagées a été celle d’une entreprise de déstabilisation de l’État belge menée par des gendarmes ou ex-gendarmes réputés proches de l’extrême droite. Mais cette piste n’a jamais abouti en 40 ans, malgré les investigations régulièrement relancées, et de nouvelles interpellations aboutissant parfois à des inculpations. Vendredi, un avocat de partie civile, Kristiaan Vandenbussche, a dénoncé une instruction «sabotée par la gendarmerie», dont certains membres auraient fait en sorte de protéger les auteurs en égarant les enquêteurs.

Des rumeurs, des suspects…

En 2019, un ex-policier à la retraite avait été inculpé, soupçonné d’avoir sciemment manipulé l’enquête en jetant fin 1986 dans un canal des armes et munitions censées avoir appartenu aux tueurs. Deux ans plus tôt, en 2017, c’est le témoignage à la télévision du frère d’un ancien gendarme qui avait déclenché un nouvel emballement médiatique autour de l’affaire. Cet homme affirmait avoir reçu les confidences de son frère peu avant sa mort qui lui avait assuré être le «géant» de la bande de tueurs, au portrait-robot devenu célèbre. Finalement, le parquet fédéral, qui avait repris en 2018 le pilotage des investigations, a dû constater qu’aucune piste sérieuse ne pouvait mener vers les auteurs des faits.

Ces dernières années, une dizaine de policiers étaient encore mobilisés sur cette instruction. Et ils ont vérifié «1 815 informations aussi bien anciennes que nouvelles», traité 2 748 empreintes digitales, comparé 593 nouveaux échantillons d’ADN à ceux figurant déjà dans le dossier. «Plus de 40 dépouilles ont été exhumées à des fins de recherches», a ajouté Ann Fransen. Le dossier est d’autant plus mystérieux que les assaillants ont semé la mort en récoltant lors de leurs braquages des montants dérisoires : «28 morts pour sept millions de francs belges de butin» (environ 170 000 euros), a rappelé la chaîne RTBF. Une audience dite de «règlement de la procédure» doit se tenir prochainement au tribunal de Bruxelles avant la décision formelle d’un non-lieu. Les parties civiles auront encore la possibilité à cette occasion de réclamer de nouveaux actes d’enquête. Les faits restent imprescriptibles, selon la loi belge.