Ce qui était un simple « plus » pourrait bien devenir une nécessité. Connaître les bases de la langue devient un fort enjeu pour les Français désirant travailler au Grand-Duché. Des cours sont dispensés à Tucquegnieux.
Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir maîtriser les rudiments de la langue luxembourgeoise. Aussi, le Greta propose pour la troisième année consécutive un cours à Tucquegnieux, les lundis dans la soirée. Cette année, pour la première fois, deux sessions par niveau pourraient se succéder.
Ce qui peut s’expliquer par la montée en puissance de la demande. La première année, une douzaine d’intéressés se sont fait connaître. Un an plus tard, ils étaient 17. « A la base, nous proposions une initiation , précise Francis Bressan, conseiller en formation continue au Greta. On ne peut pas maîtriser une langue en 30 h, mais on peut apprendre à se présenter, tenir une conversation basique. »
Seulement, les initiés de l’an passé ont souhaité aller plus loin dans leur démarche. Aussi, cette année, deux groupes devraient se succéder : dès aujourd’hui pour « les anciens », et à la mi-février pour les débutants.
« L’employeur sera sensible à l’effort… »
À l’origine, l’initiative vient de la mairie de Tucquegnieux. La demande était là, mais les cours n’étaient dispensés, dans la région, qu’à Longwy, Talange, Metz et Thionville. Or, depuis, les employeurs luxembourgeois sont de plus en plus demandeurs d’un effort de la part de leurs salariés. « Quand on cherche un emploi, c’est un « plus » indéniable de connaître les bases. L’employeur y sera sensible. Même s’il ne s’agit que de rudiments, engager la conversation en luxembourgeois sera bienvenue. L’employeur passera au français de lui-même au bout d’un moment. »
Claire, 21 ans, est consciente de cette réalité. Cette jeune auxiliaire en puériculture a misé sur une approche transfrontalière pour mener à bien son projet professionnel. Ainsi, elle a passé son diplôme en Belgique – pour ne pas perdre de temps après avoir échoué à un concours en France – et, en attendant d’obtenir son équivalence, elle se forme à la langue luxembourgeoise.
Mais ce qui était auparavant un simple « plus » tend à devenir une obligation. Céline et Lindsay, qui œuvrent respectivement depuis quatre et six ans dans une maison de retraite de l’autre côté de la frontière, en ont fait l’expérience. « En janvier 2017, nous devrons avoir un « niveau B1 » en luxembourgeois, évalué par la direction ou un chef de service , témoignent-elles. C’est un assez bon niveau. On nous a dit : « on ne vous parlera plus en français ». Pourtant, on essaie de communiquer avec les collègues en luxembourgeois… mais on se fait surtout corriger ! »
Aussi une formation en bonne et due forme leur paraît aujourd’hui nécessaire. Même constat pour Hélène qui travaille depuis 8 ans dans la finance au Luxembourg : « La plupart de mes collègues sont Français, alors je n’ai pas beaucoup amélioré mon luxembourgeois… »
« Auparavant, les rudiments de la langue étaient surtout souhaités pour un employé dans le domaine de la Santé. Maintenant, c’est de plus en plus répandu , quel que soit le secteur d’activité », glisse encore Francis Bressan. Une nécessité qui en laisse quelques-uns perplexes, à l’instar de Brigitte qui lance, non sans humour : « Je travaille en cuisine, dans une maison de retraite. Je n’ai aucun contact avec la clientèle. Je ne vois pas l’utilité de parler luxembourgeois pour éplucher des carottes. En attendant, la formation, personne ne me la finance. »
C’est pourtant souvent le cas, assure Francis Bressan, de la part des employeurs. Ceux qui n’ont pas cette chance devront débourser 7,80 € par heure pour ces cours à Tucquegnieux.
Marie Koenig (Le Républicain Lorrain)