L’ex-président et fondateur de l’association Gendarmes de cœur est jugé à Thionville pour avoir détourné 34 665 € avec la complicité de sa femme.
Sa passion, c’est la gendarmerie. Sauf que son état de santé ne lui a pas permis de devenir militaire. À défaut de porter l’uniforme, cet habitant de Moselle Nord a fondé l’association Gendarmes de cœur en 2005 pour soutenir familles et enfants de la profession en cas de difficultés.
La structure grandit. Elle vit de dons, de recettes de manifestations, de la vente d’objets promotionnels. Elle compte 500 adhérents à travers la France quand l’enquête démarre en 2014.
Au moins deux membres de l’association accusent le président fondateur d’avoir détourné de l’argent en fabriquant de fausses notes de frais. Il se comptait des déplacements alors qu’il était véhiculé par des bénévoles, en raison de son handicap. La trésorière de l’association, épouse du président, n’avait ensuite qu’à valider.
La manipulation répétée est détaillée dans un courrier adressé au procureur de Thionville. L’auteur assure aussi que l’argent indûment perçu a permis au couple de réaliser divers aménagements dans leur maison : véranda, cabanon de jardin, vidéosurveillance. L’enquête révèle que 34 665 € ont été détournés entre septembre 2012 et décembre 2015.
« Je reconnais, j’ai eu tort », admet l’ex-président des Gendarmes de cœur, présenté hier face au tribunal correctionnel de Thionville. Le petit homme passionné avale ses mots, refuse qu’on le traite de voleur.
« J’avais l’accord de mon comité », argue le quinquagénaire, visiblement persuadé que la pratique était tolérée. La rigueur militaire en prend un coup mais l’actuelle présidente réfute, condamne et jure que personne n’en savait rien.
L’épouse du prévenu, jugée comme complice d’abus de confiance, ne voit pas ce qu’elle a fait de mal. Silhouette costaude, elle reste en retrait, hausse les épaules, estime qu’elle ne s’est pas enrichie. Le couple rappelle que le cabanon et la vidéosurveillance ont servi à protéger des données de l’association.
« Juridiquement, l’intention frauduleuse n’est pas caractérisée », ajoute leur avocat Me Herrmann. Donc selon lui, il n’y a même pas d’infraction.
Le tribunal rendra sa décision le 26 mars. Le ministère public requiert trente mois de prison avec sursis contre le fondateur et dix-huit mois contre son épouse. Ces peines sont assorties d’une mise à l’épreuve de trois ans, période pendant laquelle les prévenus devront rembourser les Gendarmes de cœur.
Le procureur réclame aussi une interdiction définitive d’occuper la fonction de président ou de trésorier au sein d’une association.
F.T / Le Républicain Lorrain