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Sur les traces de « MD », passionné d’urbex à Jarny


Souvent, des artistes repeignent les murs des bâtiments abandonnés d’œuvres en tout genre. (photo RL)

Le Jarnysien « MD » pratique l’exploration urbaine depuis cinq ans. Si aujourd’hui on lui donne un nom, la démarche a toujours existé. Le jeu d’enfant classique : partir à la découverte d’une maison abandonnée… Cela reste néanmoins totalement illégal.

« Ma grand-mère venait chercher des cadeaux ici…, lâche tout à coup MD*, au milieu d’un bâtiment abandonné, dans une salle à la peinture blanche écaillée du sol au plafond. Mon grand-père était mineur et, à chaque Noël, ils recevaient un colis pour leurs enfants. La distribution se faisait là, c’est elle qui me l’a dit en regardant mes photos. » La retraitée ne risquait pas de venir par elle-même : ces anciens bâtiments de la mine, situés à la sortie de Jarny, sont désormais interdits d’accès.

MD le sait, mais l’a découvert en pratiquant l’urbex, mot-valise pour « exploration urbaine ». Un loisir qu’il a découvert en 2015, en visionnant des vidéos sur internet. Il y a de quoi faire rêver le grand enfant qu’il est alors : « Ce sont des lieux chargés d’histoire, parfois encore meublés. J’ai commencé à alors à faire des repérages, dans le coin. Quand une maison semblait vide, je guettais pour m’assurer qu’elle était bien abandonnée, des traces de vie, des voitures près des garages. Et je cherchais ensuite des lieux d’entrées encore accessibles. »

Un exemple parlant de la dangerosité de l’exploration urbaine : les parquets crevés, les murs effondrés, etc. (photo RL)

Un exemple parlant de la dangerosité de l’exploration urbaine : les parquets crevés, les murs effondrés, etc. (photo RL)

Il y a beaucoup de choses que MD ne se permet pas : créer lui-même « une entrée », ce qui signifierait casser une vitre, détruire une barrière. De façon générale, il se contente « de toucher avec les yeux », pour ne pas abîmer davantage les lieux mais aussi comme… pour ne pas trop s’immiscer, « avoir l’impression de fouiller ». La tentation reste forte. Il raconte avoir déjà trouvé des photos de famille. Difficile de ne pas avoir envie de savoir, pourquoi ces personnes qui vivaient là sont parties, précipitamment, en laissant parfois des effets personnels derrière elles. « Il y a souvent des coupures de journaux, je regarde s’il y a une date, si je trouve du courrier, je regarde s’il y a un nom. J’ai déjà cherché sur internet si une personne était encore en vie. Mais je n’irais pas jusqu’à la contacter. Pour quoi faire ? Lui dire que j’ai été chez elle ? Ce serait malpoli. »

« Si on se blesse, ça peut nous valoir de gros ennuis »

Ce petit jeu reste dangereux. MD n’explore jamais un lieu seul, des fois qu’il se blesse. Ce jour-là, il est avec LC*. Il lui montre une pièce : il y a six mois, il y avait trouvé des casiers. Depuis, tout le plafond s’est écroulé. À l’étage, le plancher est largement crevé par endroits. Ailleurs encore, des traces de feu. « Si on se blesse, tant pis pour nous, et ça peut même nous valoir de gros ennuis car on n’a rien à faire là. » Et s’il se fait arrêter ? « Tant pis, je m’expliquerai. Je pense que ça ne doit pas aller chercher trop loin. On me demandera de quitter les lieux… » Il se trompe, c’est un délit. Des lieux comme celui-ci, il y en a partout dans la région. Mais leur localisation ne se dit pas, pour les préserver d’un trop grand nombre de curieux et « ne pas inciter les autres à faire quelque chose d’illégal. » C’est tout le paradoxe de cette pratique : MD, comme les autres, montre ses images sur internet. Mais il dissuade, en préambule, les spectateurs d’en faire de même…

Marie Koenig (Le Républicain lorrain)

(*) : les prénoms ont été modifiés, pour conserver l’anonymat de ceux qui témoignent.

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