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Strasbourg : les marchandises naviguent pour atteindre le centre-ville


Le service de livraison strasbourgeois marie voie d’eau et vélos-cargos électriques. (photo Voies navigables de France)

Vêtements, lunettes, cartouches d’imprimante, fûts de bière, caisses de boissons… Depuis quelques semaines, ces marchandises de tous les jours sont livrées aux commerces du centre-ville de Strasbourg par voie fluviale puis vélos électriques.

Avec cette combinaison eau-vélo « innovante », Voies Navigables de France (VNF) entend proposer un « modèle de livraison verte, à faible émission de CO2 ». Chaque matin, du lundi au vendredi, le parcours des marchandises débute dans un entrepôt niché au fond du port fluvial des bords du Rhin, dans une capitale alsacienne qui vient d’élire une maire écologiste. Quelques salariés s’affairent à répartir les colis dans des caissons fermés et les boissons sur des palettes. Puis une grue les dépose à bord d’une barge qui rejoint en 27 minutes chrono le quai des Pêcheurs, sur l’Ill, la rivière qui borde le centre historique de Strasbourg, passant devant le Parlement européen. Un parcours sans bouchons, silencieux et très peu polluant : la barge est propulsée au gaz naturel.

Dès son accostage, des « vélos-carguistes » chargent les remorques de leurs deux-roues plutôt imposants tout en vérifiant les bons de commande et les destinataires : bars, restaurants, hôtels, magasins mais aussi adeptes de l’e-commerce. Les caisses pèsent jusqu’à 180 kilos… d’où l’intérêt de l’assistance électrique. « Le contenu va de l’enveloppe de quelques grammes au fût de bière de 40 kilos », précise Jean-Sébastien Ohmann, chef d’orchestre de cette petite ruche en sa qualité de responsable d’exploitation de Urban Logistic Solutions (ULS), la société organisatrice des livraisons.

«Modèle économique solide» et écologique

« On a décomposé le centre-ville en 17 zones. Le principe, c’est d’avoir une même caisse pour une ou quelques rues. En fonction de la course, on met 2 à 6 minutes pour rejoindre la place de la Cathédrale », précise-t-il. « C’est à coup sûr moins effréné que chez Uber ou Deliveroo », remarque Félix qui, avec six collègues d’ULS, entame un ballet de vélo-cargos dans le vieux Strasbourg où il croisera les nombreux coursiers des messageries « ubérisées ». « La massification des volumes, c’est la clé pour notre solution de logistique fluviale urbaine du dernier kilomètre, car elle compense le surcoût du bateau par rapport à la camionnette », explique Thomas Castan, dirigeant-fondateur d’ULS.

La société a remporté fin 2019 un appel à projets lancé par VNF avec le soutien de la ville de Strasbourg et de son agglomération. Interrompue au bout d’un mois par la crise sanitaire, la prestation fonctionne à plein régime depuis début juin. Seize tonnes sont livrées chaque jour, mais assure Thomas Castan, « les contacts commerciaux avancés » doivent aboutir avant la fin de l’année à 122 tonnes quotidiennes, « soit l’équivalent de tournées de 150 camionnettes ». De plus, la barge ne repart pas à vide, puisqu’elle ramène au port les emballages et consignes des boissons.

La direction territoriale de Strasbourg de VNF souhaite « montrer qu’un tel service régulier peut fonctionner et être reproduit ailleurs, en alliant les avantages écologiques à un modèle économique solide », souligne Pierre des Roseaux, son directeur adjoint. Avantage de ce mode de livraison : il est « sans contrainte horaire », fait-on valoir chez VNF, alors que la plupart des véhicules routiers sont interdits de séjour dès 10 h 30 dans le centre de Strasbourg, classé « zone à faibles émissions ».

ULS, qui emploie 12 salariés, est en pourparlers « avec 12 autres villes en France, au Benelux et en Angleterre », selon Thomas Castan. En France, le fluvial représentait 2,1 % du fret en France en 2016 selon le dernier bilan du ministère de l’Écologie, contre 9,9 % pour le ferroviaire et 88 % pour la route.

AFP/LQ

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