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Sculpture repeinte en bleu en 2014 : la Ville de Hayange condamnée


La sculpture en partie repeinte en bleu par la municipalité FN de Hayange avait été, pendant des mois, l’objet de polémiques. (archives RL/Julio Pelaez)

L’affaire avait fait grand bruit en 2014. Quelques mois après l’élection de Fabien Engelmann à la mairie de Hayange, les services municipaux avaient repeint en bleu une sculpture fontaine monumentale sans autorisation de l’artiste. Près de six ans plus tard, la Ville vient d’être condamnée.

C’est le feuilleton de l’été 2014 à Hayange et le premier bad buzz du mandat de Fabien Engelmann. La fontaine de la place de l’église, une sculpture en fer et granit œuvre de l’artiste Alain Mila, est, sans son autorisation, repeinte en bleu par les services de la Ville. Incompétence ou provocation des élus FN ? L’image de « l’œuf bleu » de Hayange envahit les réseaux sociaux et interpelle jusqu’à la ministre de la Culture d’alors, Aurélie Filipetti.

L’artiste, particulièrement affecté que son œuvre puisse être détournée ou récupérée par le Front national, demande sa remise en état. Alain Mila finira par porter l’affaire devant le tribunal. Mais le feuilleton médiatique va encore durer plusieurs mois.

Après une tentative de décapage avortée, la municipalité va finalement déclasser la sculpture pour la déplacer au sein des ateliers municipaux.

Violation du droit

Au printemps 2015, son nettoyage est constaté par un huissier. L’œuvre monumentale est depuis restée « oubliée » dans un recoin. Sur la place de l’église, la mairie l’a remplacée par une fontaine de style rococo achetée d’occasion. Pour Fabien Engelmann, « l’affaire est classée ».

Mais, près de six ans plus tard, la justice vient enfin de rendre une décision sur le fond. Le 6 décembre dernier, la chambre civile du TGI de Nancy a en partie donné raison à l’artiste Alain Mila.

L’excès de zèle des peintres municipaux sur la sculpture constitue bien une violation du droit moral de l’auteur et du droit au respect et à l’intégrité de son œuvre. Le tribunal a condamné la municipalité hayangeoise aux dépens pour 4 000 euros. Un soulagement pour Alain Mila. « Il fallait que la Ville soit condamnée, c’était important pour la défense de l’œuvre et de l’art en général », insiste l’artiste, même s’il garde un goût amer quant au déclassement de la sculpture (elle reste propriété de la commune mais ne fait plus partie du domaine public). Bien que remise en état, son œuvre va sans doute continuer à prendre la poussière au fin fond des ateliers…

Lucie Bouvarel (Le Républicain Lorrain)

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