Accueil | Grande Région | Restriction des ventes de cigarettes : les frontaliers font des réserves

Restriction des ventes de cigarettes : les frontaliers font des réserves


À Dudelange, les fumeurs frontaliers ont pris leurs dispositions pour se constituer des réserves. (Photo : RL/Armand Flohr)

Mercredi dernier, la France a annoncé une réduction significative de l’importation de cigarettes pour ses résidents limitant le nombre de cartouches par personne et par passage à une au lieu de quatre actuellement. Ce mardi 14 juillet, les fumeurs frontaliers ont pris d’assaut stations-services et bureaux de tabac luxembourgeois pour faire des réserves.

Dans les effluves d’essence, la queue aux pompes s’allonge de minute en minute à la station Total de Dudelange. En ce mardi 14 juillet, férié en France mais pas au Luxembourg, les frontaliers viennent se ravitailler en carburant, alcool et cigarettes. Derrière leur comptoir, les vendeuses encaissent à tour de bras et, dans leur dos, les rayonnages de tabac se vident en cadence. Ici, à moins de deux kilomètres de la frontière française, la cartouche coûte deux fois moins cher et le prix du sceau de tabac se divise par trois ne laissant que peu de chances de faire leur beurre aux débitants français voisins. Pourtant, ils avaient vu leurs ventes redécoller pendant le confinement : + 32 % en moyenne pour les buralistes mosellans en avril et mai.

Mercredi 8 juillet, la France a voté un amendement limitant le nombre de cartouches importées par voie terrestre par ses résidents à une au lieu de quatre actuellement, une mesure que le Luxembourg conteste. Alain Bellot, le directeur des Douanes et Accises du Luxembourg a jugé cette limitation «illégale au regard des textes européens».

«On prend tout ce qu’on a le droit de prendre»

De son côté, le Français Olivier Dussopt, secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Action et des Comptes publics, s’est félicité de ce vote issu de l’examen du 3e  projet de budget de crise en soutien aux buralistes et à la lutte contre la contrebande qui représenterait un manque à gagner pour la France de 5 milliards d’euros par an. La Confédération des buralistes de France a accueilli la nouvelle avec «enthousiasme» et voit, là, l’aboutissement de longues tractations. Les fumeurs, eux, font grise mine.

De Dijon

«Nous venons de Dijon pour nous ravitailler. On prend tout ce qu’on a le droit de prendre c’est-à-dire quatre cartouches chacun et un kilo de tabac en vrac, détaille José. Avec la limitation à une cartouche par personne, cela ne vaudra plus le coup de monter jusqu’au Luxembourg. Ce serait bien qu’il y ait enfin une harmonisation des prix en Europe.» Les bras chargés, les trois amis, repartiront en direction de la Côte-d’Or non sans avoir fait le plein d’essence. Au tabac de Dudelange, là où les cigarettes ne se vendent pas au paquet mais à la cartouche, les rayons sont vides. Et la vendeuse d’expliquer : «Depuis ce matin, je n’arrête pas, ça carbure. Les clients font des réserves tant qu’ils peuvent encore le faire.»

Catherine Roeder (Le Républicain lorrain)