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Procès Heaulme : vif débat autour du non-lieu de 2007


Le procureur et le juge d'instruction en charge du dossier à l'époque ont témoigné vendredi devant un président de cour d'assises qui a appuyé sur la lenteur de la procédure, et la légèreté, selon lui, de la décision de non-lieu. (photo archives AFP)

Les débats ont tourné vendredi autour du non-lieu prononcé, en 2007, à l’égard de Francis Heaulme après le double meurtre de Montigny-lès-Metz en 1986, pour lequel il est finalement jugé depuis le 25 avril devant la cour d’assises de la Moselle.

Le procureur et le juge d’instruction en charge du dossier à l’époque ont témoigné vendredi devant un président de cour d’assises qui a appuyé sur la lenteur de la procédure, et la légèreté, selon lui, de la décision de non-lieu. En 2002, après l’acquittement de Patrick Dils, qui a passé 15 ans en prison, accusé d’avoir tué Cyril Beining et Alexandre Beckrich à coups de pierre le 28 septembre 1986, une nouvelle enquête avait démarré, celle qui visait Francis Heaulme.

Après quatre ans d’enquête, Heaulme, dont la présence près des lieux du crime avait constitué un élément essentiel dans l’acquittement de Dils, avait été mis en examen. Et encore un an plus tard, suivant les réquisitions du procureur, le juge d’instruction avait prononcé un non-lieu, remis en cause par la suite. « J’ai requis le non-lieu à l’encontre de M. Heaulme en 2007 compte tenu de l’insuffisance, selon moi, de charges a son égard », s’est défendu Joël Guitton. L’ancien procureur ne perd pas son calme lorsque le président souligne que, dans son réquisitoire, il est fait mention d’un non-lieu pour Francis Heaulme dans le meurtre de Sylvie Rossi, alors que celui-ci a été condamné.

« Des aveux… alambiqués »

« A l’époque, j’estimais que notre volonté a tous de chercher la vérité ne devait pas me conduire a désigner un coupable de substitution », poursuit Joël Guitton, interrogé par la défense, qui boit du petit lait. Vient ensuite Thierry Monfort, juge d’instruction. Son ordonnance de non-lieu, un quasi copié-collé des réquisitions de Joêl Guitton, est elle aussi critiquée. Il a beau expliquer qu’il a cherché à obtenir des aveux circonstanciés de Francis Heaulme, et qu’en leur absence, il lui paraissait impossible de le renvoyer, le président lui rétorque qu’il « existe des éléments objectifs » dans le dossier. Et que « dans aucune affaire M. Heaulme ne fait des aveux circonstanciés ! C’est toujours des aveux… alambiqués ».

L’ancien juge d’instruction explique qu’il espérait ces aveux, lors d’une reconstitution, qu’il raconte en longueur – « il pleuvait, il faisait froid », des conditions peu propices aux confidences. « Si je résume : comme il pleut, ça n’a rien donné donc après ordonnance de non-lieu », accuse l’avocate de Mme Beining, Me Dominique Boh-Petit. Avant de lui demander s’il se souvient avoir dit à sa cliente, un jour de 2006, « votre dossier est trop vieux, il va rien se passer ». L’avocate et la mère de Cyril Beining vont pousser pour que Francis Heaulme soit finalement traduit en justice pour le double meurtre, en faisant appel du non-lieu.

Dix ans plus tard, les jurés ont jusqu’au 18 mai pour dire s’il existe ou non suffisamment de charges pour condamner Francis Heaulme.

Le Quotidien/AFP

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