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Pont-à-Mousson : achetée 127 000 € la maison estimée 15 000 €


Alexandre Andrieux, Nadège Schwaiger et leurs filles, avec leur avocat Me Pascal Bernard. (photo ER)

Un couple est victime d’un imbroglio juridique après l’achat d’une maison recélant un vice caché : une cave creusée et transformée en chambre, en dessous du niveau des fondations. L’agence immobilière et le notaire sont poursuivis.

«On a même du mal à revenir devant la maison. Elle provoque trop de mauvais souvenirs. » Alexandre Andrieux, 33 ans, et son épouse Nadège Schwaiger, 31 ans, savent pourtant qu’ils n’en ont pas totalement fini avec les mésaventures qui leur collent aux basques, depuis l’acquisition d’une petite maison dans la rue des Lilas à Pont-à-Mousson, en 2011, pour 127 000 €.

Le jeune couple et ses deux enfants s’installent à l’époque avec des projets d’aménagement et de décoration, mais déchantent très vite. Quelques semaines plus tard, la famille souffre en raison des graves problèmes d’humidité dans les pièces du bas. Et pour cause : les pièces désignées comme des « chambres », où dorment leurs enfants de 8 ans et 4 ans, sont en fait l’ancienne cave : le précédent propriétaire a creusé le sol pour augmenter la superficie de l’habitation. Et ce « jusqu’en dessous du niveau des fondations », tonne leur avocat Me Pascal Bernard.

« Cette affaire nous pourrit la vie »

Humidité perceptible dans l’air, papier peint décollé, traces noirâtres sur les parois : les éléments au dossier permettent à l’avocat d’obtenir du tribunal de grande instance l’annulation de la vente pour « vice caché », tant les méfaits du décaissement au sol apparaissent responsables des désagréments. Un expert est venu sur place estimer la valeur du bien foncier, fixant sa conviction autour de… 15 000 €, soit huit fois moins que le prix déboursé par le couple grâce à un emprunt.

Or, si la justice a prononcé en juin 2015 l’annulation de la vente, l’ancienne propriétaire est aujourd’hui décédée. Les enfants ayant refusé la succession, la question du remboursement reste donc en suspens. Le couple lésé n’a pas récupéré sa mise de départ, mais reste sous la menace de l’obligation de rembourser le crédit, tout en réglant, chaque mois, différents frais d’entretien de l’immeuble, mais aussi des charges, des frais d’assurance. Un coût qui finit par rendre difficile le quotidien de la famille Andrieux, relogée dans une petite location mussipontaine.

L’affaire n’est pas terminée : Me Pascal Bernard poursuit désormais devant la justice l’agence immobilière qui a proposé le bien et signé la vente, de même que le notaire qui a guidé la transaction. Selon lui, les deux parties n’ont pas respecté leur mission d’information et de précaution à l’adresse des acquéreurs. L’agence « se devait de vérifier que les travaux de cette maison située en zone inondable n’étaient pas illicites », soutient Me Bernard, pour qui le notaire aurait dû, par ailleurs, relever le décalage dans les documents administratifs attestant des modifications interdites.

Mme Schwaiger ne cache pas une profonde lassitude. « Cette maison est un cauchemar. Nous sommes fatigués. Cette affaire nous pourrit la vie depuis cinq ans. »

Antoine Petry (Le Républicain lorrain)