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Plus de 500 gendarmes pour évacuer une ZAD près de Strasbourg


"On met des autoroutes, on détruit la planète, on nous prend tout", a dénoncé Germaine, 89 ans, en déambulateur, présente depuis l'aube et en première ligne lors de la charge des gendarmes. (photo AFP)

Plus de cinq cents gendarmes ont évacué lundi à l’aube quelque 200 zadistes qui tentaient de s’opposer au démarrage du chantier d’une rocade autoroutière près de Strasbourg.

A 6h20, les forces de l’ordre sont intervenues pour repousser à l’aide de leurs boucliers et de gaz lacrymogènes une centaine de manifestants massés aux abords de cette ZAD jusqu’à l’entrée du village de Kolbsheim, quelques centaines de mètres plus loin.

Deux heures plus tard, le périmètre de la ZAD était bouclé par les forces de l’ordre et, selon plusieurs militants, plus aucun n’était présent sur le site. « Les occupants irréguliers ont été écartés » et « les constructions illégales sont en cours de démolition », a confirmé la préfecture dans un communiqué. Il n’y a pas eu d’interpellation, a-t-elle précisé. Un groupe de quelques dizaines d’opposants au projet a rejoint la mairie de Kolbsheim tandis que d’autres ont traversé un bois pour faire face aux gendarmes qui ont pris position aux abords de la ZAD.

Aux premières heures du jour, les gendarmes se sont attaqué à coups de tronçonneuses aux barricades de fortune, faites de bois et de pneus, que les zadistes avaient érigées sur la route départementale 93 survolée sans discontinuer par un hélicoptère. Un gendarme a utilisé un coupe-boulon pour sectionner la chaîne qui liait une manifestante à un arbre. Le préfet de la région Grand Est et du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, avait donné fin août son feu vert définitif à la construction par une filiale du groupe Vinci et la Sanef de ce contournement autoroutier de 24 kilomètres, à l’ouest de Strasbourg. Il devait donner une conférence de presse dans la matinée, selon la préfecture.

Germaine, 89 ans, en première ligne

« L’évacuation des parcelles occupées doit permettre d’assurer la sécurisation du chantier », a-t-elle fait valoir, précisant que « 515 gendarmes ont été mobilisés ». Comme ils l’avaient prévu en cas d’intervention des forces de l’ordre, les zadistes qui montaient la garde et le pasteur de Kolbsheim ont sonné le tocsin à l’arrivée des gendarmes, peu après 5h. « Dispersez-vous », ont lancé ces derniers à l’aide de porte-voix. « Résistance », ont scandé les manifestants en retour.

Dany Karcher, le maire de Kolbsheim, commune sur laquelle la ZAD était installée depuis près d’un an, et plusieurs autres élus ont alors entamé des discussions avec la gendarmerie et le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, Yves Séguy. « Tout ce que nous demandons, a minima, c’est qu’on reporte les éventuels travaux », le temps que tous les recours judiciaires aient été jugés, a souligné Dany Karcher. « La résistance est là », a lancé le maire, fustigeant « la violence, du côté des forces de l’ordre » et l’usage de gaz lacrymogènes contre les élus.

« On met des autoroutes, on détruit la planète, on nous prend tout », a dénoncé Germaine, 89 ans, en déambulateur, présente sur la ZAD depuis l’aube et en première ligne lors de la charge des gendarmes. De retour à Kolbsheim, la vieille dame a lancé : « Oh mon dieu, je suis tellement fatiguée, j’étais devant, ils m’ont gazée, j’ai la poitrine qui me fait mal ».

Le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO), évoqué dès les années 1970, régulièrement abandonné avant d’être relancé à la fin des années 1990, a pour but de délester l’autoroute A35 en absorbant le trafic du nord au sud de l’Alsace. Les détracteurs du projet soulignent qu’il entraînera la consommation de nombreuses terres agricoles et la mise en danger d’espèces protégées, dont le grand hamster d’Alsace.

LQ/AFP

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