Une affaire de détournement d’argent public établie entre 2008 et 2013 a plombé les finances de la commune voisine du Luxembourg. La nouvelle municipalité élue en 2014 a dû faire face à cette tempête.
Quand Rachel Zirovnik a enfilé l’écharpe de maire à Mondorff au printemps 2014, elle n’était pas au bout de ses surprises. «On savait que les choses ne tournaient pas rond dans la gestion de la commune», concède-t-elle. Mais en prenant les rênes du village de 580 habitants, la nouvelle élue et son équipe ont mis le doigt sur une situation financière alarmante.
À l’époque, une procédure judiciaire est en cours, visant l’ancienne secrétaire de mairie, suspendue de ses fonctions en 2013 et mise en examen pour abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux en écriture, détournement d’argent public. Des infractions établies entre 2008 et 2013, sans qu’aucun élu ne semble s’en être inquiété. Au terme de l’instruction, le tribunal correctionnel de Thionville a condamné Michèle Wagner à 36 mois de prison dont 18 mois avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve. Une peine confirmée en appel le 18 janvier dernier. Les investigations sont parvenues à chiffrer le préjudice à plusieurs dizaines de milliers d’euros détournés à des fins personnelles. Mais ces montants seraient, selon certains, bien en deçà de la réalité.
«Les impôts, c’était la variable d’ajustement»
Tout juste élue, Rachel Zirovnik a consacré ses premiers rendez-vous au trésorier général de la direction des finances publiques, au sous-préfet. «La Chambre régionale des comptes a fait son audit», ajoute-t-elle. Le maire a aussi passé le début de son mandat à honorer les nombreuses factures impayées (travaux, charges sociales, abonnement…) dont elle préfère taire le montant global. «On a aussi dû revoir tous les contrats avec nos fournisseurs», poursuit Rachel Zirovnik. Tout ça en continuant de suivre l’affaire judiciaire qui a plongé la commune dans la tourmente. «La nouvelle équipe municipale n’était pas ciblée, directement concernée, mais ça met une pression», souligne le maire.
Pendant un an, les 15 élus ont accepté de ne pas toucher leurs indemnités en contribution. «C’était un engagement de campagne.» Enfin, les habitants ont également mis la main à la poche. «On n’avait pas le choix : les impôts, c’était la variable d’ajustement.»
En cinq ans, à Mondorff, la taxe d’habitation a grimpé de 43% et la taxe foncière de 42,2%. Mais la plus forte augmentation (de 14% environ) a été votée par la municipalité dès son arrivée en 2014. «Depuis, les taux stagnent», précise le maire.
«Aujourd’hui il n’y a plus de passif, les dettes sont apurées, assure Rachel Zirovnik. On a relancé les investissements. Nous avons, par exemple, réalisé l’enfouissement des réseaux en 2015.»
«Le soutien de la communauté de communes de Cattenom et environs nous a permis d’étaler ce qu’on leur devait», remarque par ailleurs l’élue de Mondorff. Elle salue le travail des gendarmes sur l’enquête et les décisions de justice rendues jusqu’alors. «Une page se tourne, la parole se libère sur le volet pénal de cette affaire.» Difficile en effet de réclamer la confiance des administrés sans pouvoir divulguer le fond du dossier. «Trois ans c’est long», souffle le maire. «Le temps judiciaire n’est pas celui de la vie, atteste l’avocate de la commune, Me Christelle Merll. On revient de très loin.»
Frédérique Thisse (Le Républicain Lorrain)