Et si la question d’un péage autoroutier entre Thionville et le Luxembourg n’était pas une préoccupation majeure pour les frontaliers ?
La question mérite d’être posée si l’on s’en tient à la faible affluence de la réunion publique organisée sur le sujet, mercredi soir à Zoufftgen. L’intitulé était pourtant clair : A31, non au péage ! Si l’on exclut la présence des élus des communes bordant la frontière, les militants de l’association florangeoise Paix et le président de l’association Agirr, il n’y avait pas vraiment besoin de calculette pour recenser les usagers quotidiens du bitume. En clair, les travailleurs frontaliers étaient les grands absents de la soirée.
Internet ne suffit pas
A la tribune, le sénateur Jean-Louis Masson – instigateur de la réunion aux côtés du maire de Zoufftgen, Michel Paquet – ne s’est pas démonté pour autant. Mais il a averti : « Si on ne bouge pas tout de suite, c’est mort ! »
A ses yeux, la fronde qui s’étale depuis un mois et demi sur les réseaux sociaux ne suffira pas à faire reculer les pouvoirs publics. Concrètement, sans mobilisation citoyenne organisée, on file à grande vitesse vers le péage. A de multiples reprises, il a rappelé combien la mobilisation de l’opinion avait joué sur l’abandon du projet A32, qui défigurait littéralement la Moselle. A l’époque, « il y a eu symbiose entre les élus, les associations et la population ».
Pourquoi dire non
Les raisons sont multiples : l’A31 a déjà « été payée par les impôts locaux des Mosellans » donc « pas question de payer une seconde fois ! ». Jean-Louis Masson pointe un paradoxe sur l’écotaxe : projet abandonné en France alors que l’Allemagne s’y est mis. Du coup, « il y a un effet entonnoir dont nous faisons les frais […] Nous devons faire avancer l’idée d’une écotaxe régionale. Les Alsaciens y sont aussi favorables ».
Ce qui scandalise par-dessus tout le sénateur reste la différence de traitement entre Moselle et Meurthe-et-Moselle. En 54, « les élus ont planté le couteau sur la table ! Ils ont dit non au péage entre Nancy et Pont-à-Mousson et ils ont eu gain de cause ! Pour quelle raison on nous imposerait alors un péage au nord de Thionville ? On nous prend pour les dindons de la farce ! »
Quelles pistes alternatives ?
C’est la question posée par les rares travailleurs frontaliers présents dans la salle. Il est évident que ces derniers sont au bord de la crise de nerfs. « Si vous voulez que les gens se fédèrent, il faut leur donner quelque chose à quoi se rattacher ». Selon Michel Paquet, « t out ce que l’on pourra faire ne servira à rien si on ne règle pas la question du transport dans son ensemble ». CQFD. Pour le sénateur Masson, un seul message l’autre soir : « La solution dans l’immédiat, c’est : pas de péage ! ».
Les maires en première ligne
« La réunion du jour ne doit pas être une fin en soi mais le début de quelque chose », plaide l’élu. Un quelque chose qui pourrait être porté par les maires des communes les plus exposées à la probable saturation du réseau secondaire si jamais un péage voit le jour sur l’A31. Le maire de Kanfen a bien résumé les choses : « On a déjà 7 500 véhicules qui passent chaque jour dans nos communes, c’est énorme. Il est impensable d’en absorber plus encore ! On a déjà raté l’occasion de nous exprimer lors du débat public ; il est temps qu’on se reprenne en main » Chiche !
C. F. (Républicain Lorrain)