Jeudi s’ouvre à Nancy le procès en appel de trois hommes jugés pour le saucissonnage mortel de Roger Tarall, 89 ans. Les faits avaient eu lieu en 2012, à Montigny-lès-Metz. Et ce n’était qu’une étape d’un raid d’une terrifiante violence.
Ils avaient l’espoir d’en être dispensés… Les proches et la famille vont être replongés, ce matin à Nancy, dans la douleur de la disparition brutale de Roger Tarall, 89 ans, un soir d’avril 2012, dans son appartement de Montigny-lès-Metz. Lui, l’ancien résistant décoré, lui, le rescapé des camps nazis, lui, l’octogénaire paisible et bienveillant a succombé à la violence d’un trio attiré par son argent.
En première instance, à Metz, Jordan Setzefand et Michaël Chiolo ont été condamnés en 2014 à vingt-huit ans de réclusion criminelle. Franck Stanislawski à dix-huit ans. « S’il avait eu vingt ans en ouvrant sa porte, cet homme de caractère, libre, vous aurait corrigés », leur avait lancé devant les assises de la Moselle, Me Thomas Hellenbrand, avocat de la plupart des parties civiles.
Ce soir du 17 avril 2012, Roger Tarall n’a pu réagir. Le canon d’un fusil posé sur sa tempe, l’homme s’est retrouvé pieds et poings liés, un morceau de ruban adhésif sur les lèvres. Bientôt ligoté, momifié et poussé sur son lit par Setzefand, 28 ans aujourd’hui, Chiolo, 23 ans, et Stanislawski, 22 ans. Sa bouche était bâillonnée par des torchons et des bandes médicales, entourant tout son visage, seules les narines restant apparentes. La victime a étouffé…
Le visage porte des stigmates de coups lorsque le corps est retrouvé le lendemain par un de ses fils. « Il s’est débattu. On a un peu forcé pour l’attacher », avait dit froidement la bande au cours des débats. « Ils n’ont fait que minimiser leurs responsabilités, sans apporter à la famille toutes les réponses espérées », corrige M e Hellenbrand.
Stéphane Setzefand avait échafaudé un plan pour récupérer le pécule supposé de Roger Tarall. « J’ai habité deux semaines chez la voisine de palier de M. Tarall. Elle m’a dit qu’il était blindé de tunes. J’ai trouvé Michaël et Franck et voilà. » Ils l’ont maîtrisé pour forcer son coffre-fort. Ils l’ont violenté pour obtenir le code de la carte bleue. Il n’a jamais cédé. Ils se sont rabattus par défaut sur un peu de monnaie et ses décorations militaires.
La personnalité trouble de Michaël Chiolo
« Après Montigny-lès-Metz, ils sont allés à Paris. Et se sont payés de l’alcool en vendant les médailles de Roger Tarall. Ce qui en dit long sur l’importance qu’ils accordent à la vie humaine », soupire le pénaliste.
Dans leur parcours criminel, Montigny-lès-Metz apparaît seulement comme une étape sanglante. Auparavant, le trio, originaire de Saint-Avold, s’était attaqué à un négociant en or, en Allemagne. Puis, les trois sont partis dans le secteur de Bordeaux, où ils ont braqué un bureau de tabac. Seule la police judiciaire a mis fin à leur escapade.
Avocat de Jordan Setzefand, considéré comme le meneur du groupe, M e Marlène Schott regrette elle aussi ce nouveau procès. « Mon client avait accepté sa peine. Depuis le premier procès, il avait entamé un travail plutôt positif sur lui-même. Il avait renoué des liens avec sa famille… »
Michaël Chiolo est le seul à avoir demandé à comparaître de nouveau, entraînant l’appel général du ministère public. Michaël Chiolo, c’est cet homme fasciné par le nazisme qui s’est converti à l’islam radical. C’est aussi cet homme qui vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de Mulhouse pour apologie d’actes de terrorisme après avoir poussé une vingtaine de détenus mulhousiens à reproduire, dans la cour de promenade, les attentats parisiens en scandant «Bataclan».
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)