En Moselle, un dispositif de surveillance des lieux de rassemblement nocturnes a été mis en place durant l’été par la gendarmerie. Effet de surprise garanti.
Chaque soir d’été, les jeunes ont l’habitude de se retrouver. C’est normal, il fait bon, ils ont le temps. Alors ils occupent une placette, un city stade, l’arrière d’un bâtiment public… n’importe où, pourvu que ce soit un de ces endroits désertés par les familles ou les plus jeunes une fois le crépuscule passé. La nuit leur appartient. Ils y font un peu ce qu’ils veulent, plus ou moins activement, plus ou moins bruyamment. L’obscurité donne un sentiment d’impunité. L’effet de groupe aussi. Personne n’ose vraiment venir les déranger.
C’est à ce moment précis que les gendarmes débarquent, en force! Quatre véhicules prennent les lieux en étau et coince l’ensemble des participants pour effectuer un contrôle en règle, poussé, puisque la brigade cynophile est de la partie. Le maître-chien passe en revue tous ces jeunes gens.
Des endroits signalés et repérés par les brigades
Dès que le chien «marque» une personne, elle est extraite du groupe pour faire l’objet de vérifications approfondies qui l’amènent bien souvent dans les locaux de la brigade la plus proche.
Pour l’occasion, le commandant Pierre-Yves Bardy, patron des gendarmes dans le nord mosellan, s’est adjoint les services de trois gendarmes mobiles de l’escadron 13/7 de Thionville, de la brigade cynophile messine et des gendarmes des brigades situées sur les secteurs visés ce soir-là. Ce sera Fontoy puis Hettange-Grande. Le peloton de surveillance et d’intervention peut aussi rejoindre le dispositif, selon le programme des réjouissances. Pas cette fois-ci. L’itinéraire est tracé, concentré sur des communes du nord de l’arrondissement : Fontoy, Aumetz, Boulange et Hettange-Grande.
Le fuyard menotté et embarqué
Cas d’école à Boulange. La commune de 2 500 âmes nichée sur le plateau semble paisible. Sauf que des attroupements fréquents sont signalés. Les gendarmes ont effectué les repérages et décidé de s’inviter. La file de véhicules cadenasse une place en débarquant. Un jeune homme tente de s’esquiver. Il refuse d’être contrôlé. Il se retrouve au sol, la face dans la poussière et les poignets dans le dos, menotté. Ses collègues ne bronchent pas. Le chien passe.
Pour le rebelle, en revanche, la soirée ne fait que commencer d’autant plus qu’il détient un canif dans une poche, une somme d’argent assez conséquente dans le slip et qu’il est déjà connu pour des affaires de stupéfiants. Son comportement et ses antécédents suffisent à attirer l’attention des gendarmes qui s’intéressent drôlement à son cas. Même manœuvre à Hettange-Grande, à l’arrière du gymnase. Une quinzaine de jeunes gens y sont signalés. Certains tapent dans le ballon, d’autres discutent. Et tous se retrouvent dos au mur, alignés, lorsque la gendarmerie fait irruption.
Le chien passe, «marque» une jeune femme. Elle possède un petit sachet contenant un peu d’herbe de cannabis. Trois messieurs sont à leur tour isolés du groupe. Les identités sont relevées avant de laisser tout ce petit monde poursuivre sa soirée, sauf les quatre personnes repérées par le chien. Direction la brigade pour l’ouverture de procédures. Des poursuites sont engagées pour consommation, usage ou transport de produits stupéfiants.
Olivier Simon (Le Républicain lorrain)