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Agriculture : la canicule fait des dégâts en Moselle


Le manque d’eau a été tel que près de la moitié des maïs, dépourvus de grains, ne donneront presque rien. (photo Pascal Brocard)

Affecté par la sécheresse, le maïs accuse une baisse de productivité de près de la moitié sur le territoire lorrain. Un sacré manque pour la ration alimentaire des animaux et la trésorerie des exploitations.

D’une calamité l’autre… A la fièvre estivale consécutive aux crises de l’élevage porcin et laitier succède un nouveau revers pour l’agriculture. Responsable, cette fois, la canicule a réduit les espoirs lorrains d’une bonne récolte des cultures de printemps (maïs, pois, féveroles, tournesols, orge…). Pis même, les dégâts sont tels que près de la moitié des maïs ne donneront rien ou si peu, avec des épis dépourvus de grains, qu’il semble presque vain de les récolter.

Stress hydrique

« Les stocks sont au plus bas, c’est du jamais vu depuis 1976 », se désole Jean-Marc Brême, président de la FDSEA 57 (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles). En cause, la canicule qui a généré un sérieux stress hydrique consécutif au manque de précipitations. « Dimanche, il est tombé 6 mm d’eau dans mes champs, tout juste de quoi mouiller la poussière », rapporte le Mosellan. Or, le maïs ne goûte la chaleur qu’accompagnée d’un bon taux d’humidité.

Jean-Marc Brême ne se fait plus d’illusion sur la suite du scénario : « Les pertes seront de l’ordre de 40 % à l’hectare avec des maïs qui dans certains cas ne dépassent pas 10 cm lorsqu’ils peuvent atteindre 3 m ». Avec une matière sèche de l’ordre de 5 tonnes à l’hectare pour une moyenne ordinaire de 8 tonnes, la campagne d’ensilage débute sous les pires auspices.

La production destinée à 90 % à l’alimentation animale pénalisera lourdement les fermes. D’autant qu’en dépit d’une perte en herbe de 50 %, le foin de première coupe est déjà utilisé dans les parcs pour suppléer l’herbe grillée par le soleil.

« Cela va se traduire par une perte de production et de qualité du lait », diagnostique le syndicaliste. « Les vaches sont comme des Formules 1, pour produire un maximum de lait en septembre et octobre afin de répondre à la demande de consommation de fromages en hiver, elles doivent bénéficier d’une ration alimentaire complète et équilibrée ». « Gérer le manque de fourrage va être un jeu d’équilibriste », complète Daniel Charpentier, président de la FRSEA Lorraine en mettant en garde contre toute tentation spéculative.

Pari

A l’instar de Jean-Marc Brême, il plaide pour une remise en question du « modèle unique ». « Produire à n’importe quel prix n’est pas la solution à nos difficultés », juge Daniel Charpentier. Réduire la production ? La profession s’interroge. « De toute façon, aujourd’hui, il n’y a pas de fric pour acheter du fourrage. » « Gourmand en eau, le maïs n’a pas bonne presse, mais il reste la culture offrant la meilleure régularité et la plus grande fiabilité », objecte Jean-Marc Brême, plutôt partisan d’optimiser la réserve en eau provenant des précipitations hivernales qui ne manquent pas en Lorraine.

Face à l’urgence, les stratégies tiennent du pari : regain, trèfle… Les parcelles de colza sont ensemencées dans l’espoir de coupes tardives. « Mais à partir du 5 septembre, le regain ne sèche plus dans les parcs. » En cas de météo clémente, les animaux seront maintenus dans les pâtures au-delà des brumes de la Toussaint. Surtout, il va falloir revoir les assolements au printemps prochain. « Les trésoreries sont tellement tendues que la moindre erreur supplémentaire va plomber les exploitations. » Un scénario noir qui a fort heureusement épargné les cultures d’hiver, comme le blé ou le colza. Maigre consolation.

Xavier BROUET.

Le Républicain lorrain

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