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Mont-Saint-Martin : des compresses oubliées dans son genou pendant 46 ans


Robert Becker avait été opéré en 1970 à Mont-Saint-Martin. (photo RL)

Lors d’une opération en mai2016, Robert Becker a appris que des compresses datant d’une intervention subie… 46 ans plus tôt, à l’hôpital, étaient restées dans son genou !

Originaire de Saulnes, près de Longwy, Robert Becker, 67 ans, a été opéré du genou en mai 2016. L’intervention a été réalisée dans la région de Dunkerque, où il vit depuis 1985. Le chirurgien découvre alors des compresses datant d’une opération réalisée en 1970, à l’hôpital de Mont-Saint-Martin.

Pourquoi avez-vous été opéré en 1970 à l’hôpital de Mont-Saint-Martin ?

Robert Becker : Le 8 juillet 1970, j’ai été admis au sein de l’hôpital de Mont-Saint-Martin à la suite d’une luxation de la rotule droite. J’ai subi une opération de l’aileron rotulien sous anesthésie générale. Après une cicatrisation complète, j’ai dû porter une genouillère plâtrée pendant quatre semaines. La rééducation postopératoire a été difficile, avec des séances régulières chez un kinésithérapeute pendant près de neuf mois pour retrouver une mobilité acceptable.

Durant les 46 ans passés, avez-vous subi d’autres interventions ou examens du genou ?

J’ai consulté de nombreux professionnels de santé m’expliquant que mes douleurs résultaient d’une arthrose, considérée comme une suite logique de mon opération. Chaque examen radiographique mettait en exergue une arthrose et une usure du cartilage.

Cela vous a-t-il gêné dans votre vie quotidienne ?

J’ai vécu toute ma vie avec ça. Je n’ai malheureusement pas pu pratiquer d’activités sportives par la suite, du fait de douleurs persistantes. Ce n’était pas normal d’avoir mal, j’ai toujours eu peur d’avoir une saloperie, « le crabe » dans le genou.

À quelle occasion vous êtes-vous rendu compte de cette erreur ?

Début 2016, un médecin spécialisé de Dunkerque m’a conseillé la pose d’une prothèse. L’intervention chirurgicale a eu lieu le 31 mai 2016. À mon réveil, le chirurgien m’a annoncé s’être trouvé dans l’impossibilité de poser ladite prothèse du fait de la découverte d’une coque contenant un liquide visqueux dans la partie supérieure de ma rotule droite. En aspirant ce liquide, il a alors découvert deux compresses. Le chirurgien m’a confié avoir été stupéfait par cette découverte, m’indiquant même n’avoir jamais rencontré un tel cas dans sa carrière. Tous les professionnels de santé avec lesquels j’ai pu être en contact après m’ont confié qu’une septicémie aurait pu se déclarer, avec des conséquences dramatiques…

Avez-vous pu être opéré à nouveau ?

En mai 2016, je suis resté hospitalisé deux semaines avec des prises de sang journalières. Puis, j’ai été admis à l’hôpital maritime de Zuydcoote, près de Dunkerque, pour des soins de rééducation pendant plus de trois mois. Depuis plus de neuf mois, je suis suivi par mon kinésithérapeute. Néanmoins, je ressens toujours de vives douleurs et l’état actuel de mon genou retarde la pose de ma prothèse, qui s’avère toujours nécessaire malgré l’extraction du corps étranger.

Qu’attendez-vous aujourd’hui ?

Je souhaite partager mon expérience douloureuse. Il aurait fallu réaliser une IRM pour comprendre pourquoi je souffrais. Par ailleurs, mon avocat a engagé une procédure, au civil, auprès du tribunal de Briey contre l’hôpital de Mont-Saint-Martin. Un expert médical du CHU de Lille a été nommé, j’attends la convocation. J’espère des dommages et intérêts et j’attends une reconnaissance morale. Je n’ai pas été au top de ma forme pendant une longue partie de ma vie.

Le Républicain Lorrain

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