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Metz : un endettement «faible» et «maitrisé», estime la Chambre régionale des comptes


La gestion financière de la ville par l'ancien maire Dominique Gros est fustigée par la nouvelle équipe, depuis son arrivée en 2020. En vain, à la lecture du travail technique réalisé par la Chambre régionale des comptes (photo : RL / Karim Siari).

Les magistrats de la Chambre régionale des comptes du Grand Est ont passé au crible la gestion de la Ville de Metz de 2013 à 2018, lorsque Dominique Gros en était maire. Dans le rapport d’observations provisoires, ils estiment que la commune dispose « de réelles marges de manœuvre ».

Le rapport est encore confidentiel, mais il a déjà été adressé à plusieurs anciens élus, fonctionnaires, ainsi qu’aux organismes para-municipaux concernés. Il n’a donc pas été trop difficile de mettre la main dessus. Comme elle le fait tous les cinq ans, la Chambre régionale des comptes du Grand Est a passé en revue la gestion de la Ville de Metz pour la période 2013/2018, lorsque Dominique Gros en était encore le maire. Les conclusions de ce rapport étaient attendues, alors que la nouvelle municipalité a parlé d’une « situation financière alarmante », à l’occasion du débat d’orientation budgétaire, fin décembre. Le vocabulaire utilisé par la Chambre (dont le travail s’est arrêté à la fin de l’exercice 2018) est bien différent.

La chambre salue les efforts de la municipalité

La Chambre note que sur les exercices budgétaires 2013/2018, la Ville de Metz a dégagé en moyenne une capacité d’autofinancement (CAF) brute de 13M€. La CAF, c’est la différence entre les recettes et les dépenses courantes. C’est donc ce qui permet à la Ville de financer ses investissements et c’est le principal indicateur de la santé financière d’une collectivité. De 2013 à 2018, cette CAF brute a beaucoup fluctué. Elle était de 13,1 M€ en 2013, puis 16,5 M€ en 2015 pour tomber à 8,3 M€ en 2018. Dans le rapport, la chambre salue les efforts de la municipalité d’alors, laquelle a élaboré et mis en œuvre un plan d’économies important pour compenser la baisse des dotations de l’État. En tout, sur les exercices 2016 à 2018, 11,3 M€ d’économies ont été réalisées. Conclusion de la chambre : « La situation financière de la Ville paraît solide ».

Un « faible endettement »

Le nouveau maire de Metz François Grosdidier l’a dit et répété : l’endettement de la Ville s’est envolé ces dernières années. La Chambre le confirme : « Entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2018, l’encours de la dette du budget principal a considérablement augmenté, passant de 18 M€ à 65,5 M€ (+262 %). » Mais elle ajoute ceci : « Si la dette par habitant s’établissait à 548 € en 2018 et enregistrait une forte hausse par rapport à 2013, cet indicateur demeure néanmoins deux fois inférieur à la moyenne constatée pour les communs de la strate, soit 1 112 €. Par ailleurs, bien que fluctuante, l’annuité en capital de la dette n’a jamais été supérieure sur la période à 12,2 % des dépenses réelles d’investissement, ce qui montre une situation maîtrisée. Rapportée par habitant, cette annuité est plus de trois fois inférieure à la moyenne de la strate. » Conclusion de la Chambre sur l’endettement : « La commune demeure dans une situation très favorable. »

L’importance des dividendes de l’UEM

La Chambre souligne l’importance de l’UEM et de ses dividendes dans l’équilibre budgétaire de la Ville : « Entre 2013 et 2018, ce revenu financier a ainsi augmenté de 45 % pour atteindre 12,3 M€ en 2018 », relèvent les magistrats. Ils ajoutent ceci : « La capacité financière de la commune de Metz dépend donc pour l’essentiel des dividendes UEM perçus. Sans ces produits financiers, la capacité d’autofinancement nette eut été très souvent négative ou nulle sur la période, ce qui aurait nécessité pour la commune de rationaliser davantage les dépenses, d’actionner le levier fiscal, tout en limitant les investissements municipaux. »

Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)

 Eric Lucas : « Je maintiens le qualificatif utilisé »

C’est lui qui a utilisé le qualificatif « alarmant » pour parler de la situation financière de la Ville. L’adjoint aux finances de François Grosdidier, Eric Lucas, avait pourtant lu le rapport d’observations provisoires de la Chambre régionale des comptes. Il s’explique : « Si l’on regarde la situation financière de la Ville de Metz à fin 2018 de manière faciale, comme l’a fait la Chambre régionale des comptes – dont je ne mets pas en cause le sérieux – effectivement, on en conclut que la situation est saine. C’est d’ailleurs ce que j’avais déclaré et qui a fait l’objet d’une récupération honteuse de la part de l’opposition municipale. Car je parlais d’une photographie à l’instant T. En revanche, la Chambre, parce que ce n’est pas son rôle, ne propose pas une analyse prospective de la situation financière de la Ville. Quand on fait cet exercice, on arrive à une lecture bien différente… D’abord parce que notre capacité d’emprunt est réduite en raison de la jeunesse de la dette. Mais surtout parce que les factures qui restent à régler sont salées. C’est ce que nous avons appris en réalisant un audit de notre patrimoine bâti. Les travaux à réaliser sont colossaux et cela va mobiliser la quasi-totalité de nos capacités d’investissement. Donc je maintiens le qualificatif utilisé : la situation est alarmante. »

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