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Metz : l’escape game version enlèvement connaît ses premiers adeptes


(Photo : AFP)

Un rendez-vous dans un parking souterrain tourne à l’enlèvement… A Metz, le premier jeu de kidnapping organisé en France, déclinaison du célèbre « escape game », a fait ses premiers captifs.

Ici, pas d’accueil chaleureux dans un lieu programmé à l’avance, comme dans le jeu d’évasion né en Asie dans les années 2000. Un message envoyé via WhatsApp donne le ton: « Nos kidnappeurs n’ont aucune patience ». Il accompagne les coordonnées GPS du point de rencontre.

En descendant de voiture, les joueurs se retrouvent dans un environnement angoissant: trois hommes, dont deux (faussement) armés et encagoulés, s’approchent. Il n’y a pas d’échappatoire…

« Nous avons des informations sur vous », « nous avons piraté votre téléphone », martèlent-ils.

Une fois enlevés, les joueurs, yeux bandés, sont transférés dans un autre lieu à bord d’une camionnette. Les ravisseurs sont peu loquaces. « Ta gueule! », est-il sèchement répondu à quiconque tente d’engager la conversation.

L’aventure se poursuit dans une salle où les ravisseurs disposent de différents équipements pour menacer ou enfermer leurs proies. « Dites-moi ce que vous savez », intime « le boss ».

« Pousser les limites » 

Les interrogatoires, dignes d’un scénario à la Tarantino, laissent peu à peu place à la mission d’évasion: les kidnappés doivent résoudre des énigmes pour s’en sortir… en vie.

Il faut alors, malgré le stress généré par cette singulière entrée en matière, trouver des indices, assembler les pièces d’un puzzle pour terminer l’expérience dans le temps imparti, comme pour tout « escape game », rappelle la responsable de Metz Kidnap, Anne Peter.

Ce premier jeu de kidnapping en France, où les meneurs de jeu sont des acteurs, a ouvert ses portes en décembre. Il est réservé à un public « averti », pas trop trouillard, et interdit aux moins de 16 ans, avec un nombre de joueurs compris entre deux et quatre personnes.

La différence ? « On a poussé les limites de la salle » d’escape, selon Mme Peter. « Le fait de sortir du lieu de rendez-vous, de ne pas savoir où on est pendant toute l’expérience », qui dure plus d’une heure et demie, est une nouveauté, assure-t-elle.

Et ces sensations fortes correspondent aux demandes des clients: « Ils veulent de l’horreur, du sensationnel », a-t-elle pu observer, travaillant dans le secteur depuis 2015.

Damien Milanese, gérant de deux centres en Moselle, confirme: « Avant, les gens voulaient un escape game puriste, avec de la réflexion, un scénario qui se tient, des liens… Maintenant, ils cherchent davantage l’action, l’immersion ».

« Maturité » et réinvention

Le concept des escape games a « explosé » en France en 2015, indique Guillaume Groell, membre du conseil d’administration du SPACE, l’Association française des espaces de loisirs en salle.

Malgré un coup dur pendant le Covid-19, notamment pour les petites entreprises, la fréquentation de ces jeux de rôle a retrouvé en 2022 ses niveaux d’avant la pandémie. « Il y a un besoin de s’évader, de sortir de son quotidien, d’une immersion dans l’aventure », selon M. Groell.

Les salles avec des thématiques « d’horreur » sont « toujours très demandées ».

Alors qu’il n’existait que 16 enseignes en France début 2015, elles sont désormais 883, selon les statistiques du site Escapegame.fr, totalisant près de 2.600 salles de jeu.

Désormais, le secteur est « mature et voit se développer d’autres activités », observe M. Groell. Il se réinvente, chaque gérant souhaitant se démarquer, même si « le secteur n’est pas concurrentiel, on s’entend tous bien, on teste les escapes des autres », souligne M. Milanese.

La logistique est malgré tout à anticiper: les forces de l’ordre ont dû être prévenues de l’ouverture de Metz Kidnap et de l’itinéraire suivi par les ravisseurs vers la salle de jeu afin d’éviter des appels à la police.

La camionnette, floquée du logo de l’enseigne et de la mention « Escape game » de kidnapping, éveille toutefois davantage la curiosité des riverains que leur inquiétude.