Le sauvetage de la casemate A ? Il était espéré depuis quarante ans… Il a enfin été signé ce lundi ! L’État, la Région, le Département et la Ville de Metz vont investir 1M€ pour la pérenniser. Les travaux seraient livrés dans trois ans.
Ne manquait qu’une boisson alcoolisée à bulles accompagnée de petits fours – rigueur oblige. Mais ce lundi, à Metz, dans les salons de la préfecture, tout le monde affichait un large contentement. Celui du devoir de mémoire accompli. Du dossier bouclé. Du serpent de mer découpé en sushis pour le bonheur de tous.
Depuis hier après-midi, le sauvetage de la casemate A du fort de Queuleu est officiellement financé. Les familles des 1 800 déportés du SS Sonderlager peuvent pousser un soupir de soulagement : le projet était urgent depuis… au moins quarante ans. Depuis la création de l’Amicale par les survivants, en 1972. Durant toutes ces années, le lieu a tenu bon, porté par les bénévoles. Ils ont assuré les visites, l’entretien, ne voyant rien venir comme sœur Anne… À part des dégradations plus nombreuses, des vandales aux idées sombres, des fuites et des chutes de plafond. Jean-Charles Micheletti, président, et les époux France et Alphonse Canadas ont sonné longtemps aux portes des élus… En vain. Ces derniers redoutaient d’investir dans une association aux effectifs réduits… Et se refusaient à devoir supporter, un jour, d’éventuels frais de fonctionnement.
Ces réticences ont fait couler un premier projet de sauvetage, porté par le conseiller municipal délégué Daniel Planchette, en décembre 2013, via un syndicat mixte. Mais en 2014, la situation s’est retournée d’un coup. À Metz, Jean-Pierre Burger s’est investi dans l’Amicale. Le nouveau président a su fédérer avec lui des dizaines de nouveaux bénévoles – l’association est passée de 150 adhérents à 700 en deux ans –, redonner un coup de fouet à l’entretien du site et mieux faire entendre la cause de la casemate A.
À Paris, Jean-Marc Todeschini a été nommé secrétaire d’État à la Mémoire et aux Anciens combattants. Le Lorrain a pesé de tout son poids pour trouver une issue. Elle était annoncée en août. Elle s’est concrétisée ce lundi à la préfecture. L’État, la Région, le Département et la Ville de Metz vont donc investir un million d’euros pour sauver le site. Metz Métropole en assure la maîtrise d’ouvrage – il ne manquait que lui pour porter le projet sur le long terme.
Ce million va donc financer une série d’études historiques, architecturales et scientifiques. Il apportera aussi une expertise sur la scénographie, la sécurité incendie, l’accessibilité. « À l’intérieur, il nous reste l’électricité à mettre aux normes, les fenêtres à rénover. À l’extérieur, les puits de lumière à rendre étanches », explique Jean-Pierre Burger. Une grosse partie de l’enveloppe sera investie dans le passage éboulé entre le pavillon d’accueil (à gauche de l’entrée du fort) et la casemate A. Sera-t-il excavé ou refait ?
Une chose est sûre : les signataires, lundi, se sont donné rendez-vous pour l’inauguration, le 8 mai 2019. L’association, elle, voit plus loin. Elle a établi un calendrier de travaux sur onze ans et négocie ferme pour que l’ensemble du fort de Queuleu soit classé Monument historique et lui soit confié, à l’exception du pont, de la flamme, de la crypte, du terrain de foot et des parcours de santé. On évoquera sûrement alors des coûts de fonctionnement.
Mais la mémoire du camp sera pérennisée. Enfin.
Olivier Jarrige (Le Républicain Lorrain)