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Metz : la consultation chez le médecin vire à l’empoignade


Les soins de santé restent un fardeau financier (illustration RL/Pierre Heckler)

Un patient irascible qui réclame un traitement de substitution, un médecin qui refuse et la situation a dégénéré dans un cabinet messin.

Le patient, addict aux drogues, avait besoin de son traitement de substitution. Rapidement, fébrilement. Mais ce coup de fil passé à son médecin traitant a achevé de le mettre en panique. Patienter plusieurs jours avant d’obtenir un rendez-vous et son ordonnance, il ne pouvait l’envisager. Mercredi, en fin de journée, ce Marseillais de passage en Moselle où vit une partie de sa famille, s’est donc rendu chez un généraliste messin consultant sans rendez-vous.

« Il voulait absolument cette prescription, raconte le doc, placide. Ce n’est pas un de mes patients, on ne prescrit pas comme ça ces médicaments sur un coin de table… » Une évidence qui a un écho particulier dans cette salle du tribunal correctionnel de Metz qui, il n’y a pas si longtemps, a jugé un confrère de la victime, pour avoir été moins regardant avec d’autres junkies.

Ce jour-là, le professionnel de santé refuse encore, le patient insiste de plus belle, la discussion s’envenime jusqu’à ce que l’irascible soit invité à quitter le cabinet.

Et les choses ont basculé…

Le reste, c’est cette sexagénaire installée dans la salle d’attente, qui le racontera aux policiers qu’elle avait appelés à la rescousse. Sa surprise d’entendre des cris, des insultes, le bruit de bousculades depuis le cabinet et subitement, de voir surgir dans son champ de vision son médecin et le patient, s’empoignant l’un à l’autre et se dirigeant vers la sortie. Puis ce vol plané des deux hommes déséquilibrés par un escalier à quatre marches, la porte qui s’ouvre avec fracas avant de jeter le duo sur le bitume détrempé par la pluie.

Jeudi, la présidente du tribunal, elle-même médusée, a tenté de mieux comprendre. « C’est comme ça que vous agissez avec un médecin ! » En face, le prévenu a continué à nier tout en bloc. « Ça va, j’ai d’autres choses plus graves à gérer dans ma vie. Je n’ai pas frappé ce docteur. Il m’a poussé vers la sortie, c’est lui qui a employé la force alors que je voulais juste du subutex et du valium. Je suis malade, voilà ». Le parquet, éclairé par un casier à la vingtaine de mentions, relève plusieurs agressions similaires à celle du médecin messin, insiste aussi sur cette incapacité du prévenu à supporter la frustration, pour finir par l’associer à « ces marginaux, toxicos, SDF qui font la tournée des cabinets pour avoir des produits. Et ces médecins qui sont en première ligne ».

Dix-huit mois de prison dont trois avec sursis sont prononcés à l’encontre du Marseillais. Interdiction lui a également été faite d’apparaître au cabinet messin. Un mandat de dépôt l’envoie immédiatement en prison.

Saada Sebaoui (Le Républicain Lorrain)

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