« Certaines personnes tentent de duper les services de police en déposant plainte pour des motifs fallacieux », estime ce brigadier hagondangeois qui souhaite garder l’anonymat.
Depuis bientôt quatre ans qu’il est affecté dans ce commissariat de la vallée de l’Orne, l’homme s’est spécialisé petit à petit dans les dénonciations mensongères à une autorité judiciaire ou administrative entraînant des recherches inutiles poursuivies par le TGI de Metz ou Thionville selon, notamment, le lieu des faits ou de résidence du prévenu.
« Depuis l’été dernier, j’ai traité onze procédures différentes et douze personnes ont été mises en cause pour cette infraction », indique le fonctionnaire. Cela recouvre des domaines assez variés, allant d’une fausse déclaration de vol de véhicule après un délit de fuite au vol de téléphone portable commis avec des circonstances aggravantes, comme des violences ou sous la menace d’une arme.
« La plupart des assurances ne couvrent pas le vol simple de téléphone portable, explique le brigadier. Du coup, certaines personnes n’hésitent pas à monter tout un scénario, parfois rocambolesque, pour tenter de se faire indemniser par leur assurance. »
80 % concernent des téléphones…
Exemples à l’appui, l’homme évoque cet automobiliste verbalisé pour un stationnement et qui n’a pas hésité à prétexter une usurpation de plaques d’immatriculation… pour tenter de s’affranchir de l’amende de 135 € ! Non seulement le sexagénaire, jusque-là inconnu des services de police, a dû s’acquitter de ces contraventions mais il s’est également retrouvé en garde à vue ! Il a ensuite dû s’expliquer à la barre du tribunal correctionnel.
« 80 % des cas concernent des téléphones prétendus volés, poursuit le brigadier. Ce type d’escroquerie touche tout le monde : du délinquant d’habitude au cadre ! L’été dernier, un homme est venu déposer plainte en prétendant avoir été agressé, en forêt de Zoufftgen, par trois individus qui lui auraient volé son téléphone dans des conditions rocambolesques. » Finalement, l’enquête a permis de démonter le stratagème mis au point par le plaignant. Cadre dans une grosse société, il avait coutume d’arriver en retard sur son lieu de travail. Au point que cela lui avait valu un avertissement et qu’il craignait un renvoi. Placé en garde à vue, l’homme n’avait pas tardé à passer aux aveux.
Les exemples du policier ne manquent pas pour illustrer l’imagination, parfois débordante, des pseudo-plaignants. « Nous sommes au service du public, mais nous ne sommes pas les serviteurs du public, explique ce policier. Du coup, lorsque l’on se rend compte que les gens nous ont menti, notre politique est de les placer systématiquement en garde à vue. »
… mais aussi des voitures
Autre cas de figure : les véhicules déclarés volés pour échapper à des poursuites pénales consécutives à un délit de fuite en cas d’accident. Ou tout simplement pour tenter de faire payer la facture des réparations par son assureur. « Cela représente environ 19 % de ces escroqueries ou tentatives. »
Le dernier pourcentage est consacré aux cas particuliers. À l’instar de ce couple qui, en proie à des difficultés financières, n’a pas hésité à incendier son véhicule qu’il payait à crédit. « Les parents ont déposé plainte pour vol. Menée en flagrant délit, l’enquête a permis d’établir que le fils et un de ses copains, mineur lui aussi, avaient incendié le véhicule que les parents devront continuer à payer ! »
Ou bien encore ce cadre qui a prétexté le vol de sa carte bancaire qui a servi à faire des retraits et des achats au Luxembourg pour plus de 4 000 €. Une partie du matériel avait été revendue par le plaignant lui-même. Pour rappel, la dénonciation mensongère est passible de six mois de prison et de 7 500 € d’amende.
D.-A. D. (Républicain Lorrain)