L’ancienne maire d’Amnéville, Doris Belloni, et le président du club de foot local sont poursuivis pour abus de confiance et recel.
Doris Belloni, ancienne maire d’Amnéville, se défend d’avoir pris un raccourci préjudiciable. (Photo : archives Le Républicain Lorrain)
« Je ne connais pas l’historique de cette ville (NDLR : Amnéville) qui recèle un certain nombre de mystères », a estimé lundi Me Pascal Bernard. L’avocat nancéien et conseil de l’ancienne maire Doris Belloni, poursuivie pour abus de confiance, annonce au tribunal et au parquet qu’ils ne sont qu’au début des découvertes. Celle du jour pèse 50 000 euros.
C’est dans le montant d’un chèque signé en mars 2014 par l’association des colonies de vacances d’Amnéville (ACVA), au profit du club sportif Orne-Amnéville (CSOA), que le procureur Domitille Descampiaux voit « un petit arrangement entre amis […] en dépit des règles de comptabilité publique ».
Prélevé sur les fonds propres de l’ACVA, l’argent est venu au secours du CSOA. « Il lui fallait cet argent pour vivre […] il est le club phare de la ville », considère Doris Belloni. Un phare dans le rouge de 200 000 euros et qui manquait de trésorerie pour payer ses salariés.
Le chèque incriminé, et dont le montant correspondait à une subvention attendue du même montant, lui a permis de passer le cap. C’est un juste retour des choses explique l’ancienne élue. À une autre époque, le CSOA a par exemple prêté ses véhicules aux colonies de vacances pour transporter des enfants.
> « Je ne savais pas que c’était interdit »
Doris Belloni n’est pas la seule que la présidente Mennecier passe au grill. Laurent Fanzel partage la même broche, mais en tant que président du club de foot et receleur du chèque dont la signature aurait dû relever d’une décision du conseil municipal à en croire la procédure.
En pleine période électorale, Doris Belloni aurait donc pris un raccourci préjudiciable. « Je ne savais pas que c’était interdit », se défend-elle. « C’est invraisemblable », ajoute de son côté Laurent Fanzel, devant le fait de se retrouver à la barre pour ce club qu’il préside bénévolement depuis 16 ans et qui lui aurait coûté de l’argent, selon son avocat thionvillois, Me David Pawlik.
Comme son confrère, Me Pascal Bernard, le conseil ne voit pas d’infraction dans ce versement d’argent que le parquet voit a contrario comme une preuve « d’amateurisme » qu’il veut sanctionner de 2 000 euros pour chacun des prévenus. « Je comprends l’entraide entre associations. Il n’y a pas malice », plaide Me Pascal Bernard.
« Je n’ai trouvé aucun texte interdisant le prêt entre associations », ajoute Me David Pawlik qui s’étonne de ne pas voir de poursuites lancées contre le président de l’ACVA (« l’auteur principal » qui a signé le chèque) ni la directrice générale des services d’Amnéville (« l’auteure intellectuelle ») qui a autorisé la manœuvre. Une manœuvre licite selon les défenseurs qui demandent la relaxe, sans même plaider accessoirement une peine modérée.
Parfois chien et chat pendant l’instruction, les deux conseils s’accordent sur un point : « Tout est politique. » Pour l’un comme pour l’autre, il s’agit de porter l’estocade à Doris Belloni. Rien n’est constitué non plus contre Laurent Franzel. « Tout le monde est de bonne foi. » Le tribunal correctionnel rendra son jugement le 15 janvier.
Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)