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Lorraine : le luxembourgeois entre à la fac


Carole Bisenius, directrice du département messin de langues étrangères appliquées à l'université de Lorraine, se félicite de l’arrivée du luxembourgeois en troisième langue. (Photo RL/Anthony Picoré)

Le test de l’an dernier, à l’Université de Lorraine, s’avère concluant. Le luxembourgeois entre à la fac.

« Ce sont les parents qui nous ont poussés à envisager cette nouveauté », explique Carole Bisenius, directrice du département messin langue étrangères appliquées (LEA) de l’université de Lorraine. « On nous demandait souvent quand le luxembourgeois serait enfin enseigné. »

Il est vrai que beaucoup d’étudiants qui sortent du master 2 LEA, option affaires internationales ou traduction spécialisée sont employables dans presque toutes les activités. 40% d’entre eux trouvent un emploi au Luxembourg dans des domaines aussi divers que les banques, l’import-export, la communication, l’événementiel, les ressources humaines…

« Quand on sait parler trois langues, qu’on a étudié la gestion, le commerce… on peut rivaliser avec les écoles de commerce. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 636 étudiants de la L1 au master 2 et 94% des diplômés master 2 ont un emploi 18 mois après leur diplôme.

«Langues rares»

« Notre cursus impose trois langues, poursuit Carole Bisenius. La première est obligatoirement l’anglais. La deuxième correspond souvent à celle que les élèves ont étudiée au lycée. En troisième, nous avons ouvert sur des langues rares comme le chinois, le japonais, le suédois… » et désormais, le luxembourgeois. « Ça nous semblait important dans le cadre de la Grande Région. »

Si important que l’an dernier, testée avec les premières années, plus de 100 élèves ont pris cette option. Plus de 100 étudiants sur 250 inscrits !

« En toute logique, nous pérennisons ce nouveau choix. Désormais, en première année, les étudiants auront le luxembourgeois parmi leur choix potentiel et le cursus se poursuivra jusqu’au master 2. »

Fut un temps, les académiques expliquaient que le luxembourgeois ne s’enseignait pas. Le faire entrer à l’école primaire, au collège ou au lycée relève encore de l’expérimentation et a longtemps demandé toute l’énergie et l’engagement de l’association Wéi laang nach en Moselle Nord.

Le collège de Sierck-lès-Bains propose désormais des cours de luxembourgeois en option; idem au lycée Hélène-Boucher de Thionville. À chaque fois le succès de ces options surprend… Mais les parents, eux, généralement frontaliers, poussent à la roue et savent pourquoi l’apprentissage de cette langue est essentiel pour travailler au Luxembourg.

À compétences égales, la langue fait généralement la différence. Les Luxembourgeois appréciant de moins en moins les Français qui ne font pas l’effort de pratiquer leur langue. Son arrivée à la fac marque ainsi une petite révolution, même si le département LEA de Metz est pour l’instant le seul département de l’université de Lorraine – et sans doute de France – à enseigner cette langue.

Laurence Schmitt (Le Républicain Lorrain)