Nancy – L’avocate de l’ado de 14 ans enceinte, placée en détention, explique que sa cliente s’est « effondrée » en apprenant la nouvelle.
A 14 ans, enceinte d’un peu plus de trois mois, l’adolescente a été placée en détention. (Photo : AFP)
Elle a pris le dossier en cours de route. Dernier recours avant que le couperet ne tombe. L’adolescente s’est accrochée à son avocate et sa défense féroce, comme on se cramponne à une bouée de sauvetage. Me Marlène Schott était à côté de cette jeune fille, lundi soir, lorsque la justice l’a envoyée derrière les barreaux. À 14 ans et enceinte d’un peu plus de trois mois.
« Appelée au dernier moment, je connais peu le fond du dossier et les faits reprochés en avril. Mais j’ai rencontré une adolescente qui avait conscience de ce qu’elle avait fait. Notamment qu’elle n’avait pas respecté les obligations de son contrôle judiciaire », indique la pénaliste. Mise en examen pour une affaire de séquestration et de violences aggravées commises sur une personne handicapée en avril 2014, la jeune fille avait été placée dans différents centres d’éducation fermés pour rester loin de ses complices supposés. Elle a plusieurs fois fugué pour retourner chez sa mère, du côté de Metz.
Dans le couloir de l’instruction, elle me parlait beaucoup. Pour évacuer tout le stress et cacher l’angoisse qui l’étreignait. Elle essayait de rigoler et de sourire pour ne pas inquiéter sa famille, notamment sa mère, présente à ses côtés. Celle-ci est complètement perdue…
> « Elle ne veut plus faire de bêtises »
Marlène Schott a découvert « une jeune fille m’expliquant avoir grandi trop vite. Son parcours me fait penser que c’est vrai. Ce n’est pas le stéréotype des mineurs délinquants. Elle avait un discours rassurant sur l’avenir. Elle fuguait pour retrouver sa mère, rien d’autre. Je connais peu de mineurs qui ne fuguent pas des centres fermés. Il faut connaître pour comprendre… Elle n’a jamais pris au sérieux les avertissements de la justice. Mais un élément a changé sa vie : elle attend un enfant et ne veut plus faire de bêtises, elle ne veut pas lui donner un mauvais exemple ». Elle a trouvé la future maman « lucide. Sauf pour une chose : elle n’a jamais pensé qu’ils la mettraient en prison. Elle croyait que c’était impossible. Elle s’est effondrée en l’apprenant… »
Défenseur ardente des libertés individuelles, l’avocate n’y croyait pas non plus. « J’ai été secouée un moment. La décision prise par le juge des libertés et de la détention me choque profondément. La détention d’un mineur doit répondre à certains critères et, dans le cas présent, je ne crois pas qu’ils soient remplis. La détention est l’exception, lorsqu’on ne peut rien faire d’autre. Ici, on pouvait faire autrement. »
En général, Me Schott prend toujours un temps de réflexion avant de faire appel d’une décision. Pas cette fois. « J’ai dit à la jeune fille de saisir la chambre de l’instruction. Il ne faut pas en rester là. »
Le centre pénitencier d’Épinal est le seul en Lorraine qui dispose d’un quartier pour femmes mineures. « Mais quels soins va-t-on pouvoir lui prodiguer ? J’ai entendu que l’administration promettait qu’elle allait pouvoir consulter un gynécologue tous les jours si elle le souhaite. C’est malheureusement impossible. Il va falloir rapidement obtenir sa remise en liberté. »
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)
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