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Lorraine Airport : 25 ans, et maintenant ?


Beaucoup de monde à l’inauguration de la nouvelle piste en avril dernier; mais les bénéfices escomptés se font attendre. (Photo : RL)

Lorraine Airport fête ce week-end ses 25 années de hauts et de bas. Délaissé par le fret, mis à mal par le TGV et la concurrence, ignoré des low-costs, l’aéroport vivote. La nouvelle Région Grand-Est doit lui inventer un futur.

Le 28 octobre 1991 décollait de Metz-Nancy-Lorraine le premier vol régulier vers Marseille. Ce week-end, cet équipement à quasi équidistance de Metz et de Nancy fête son 25e anniversaire. Tour d’horizon des pistes de développement.

Un bel outil… déficitaire

Doté de belles infrastructures, de hangars pour le fret, d’une tour de contrôle ouverte de manière quasi continuelle et d’une piste de 3 050 mètres pour gros-porteurs récemment rénovée, l’aéroport régional a tout d’un grand, sauf les résultats. Il perd chaque année entre 1,2 et 2 M€ que la Région, son propriétaire, compense.

A deux reprises, en 2000 et 2005, l’aéroport a franchi le seuil des 350 000 passagers. C’était avant l’avènement du TGV-Est et l’instabilité internationale qui a déstabilisé une de ses forces : les vols-vacances. En 2015, ils n’étaient plus que 258 000. Sans politique très offensive, l’aéroport est condamné à vivoter.

Une nouvelle gouvernance prudente

En prenant la présidence de l’établissement public gérant l’aéroport lorrain, Philippe Richert a envoyé un signe fort. Mais pour l’heure, le président de Région se garde bien de trop s’avancer sur ce qu’il veut en faire. L’élu dit juste vouloir donner une vocation particulière à chaque aéroport du Grand-Est de façon à les rendre complémentaires. Sauf que pas un n’appartient au même échelon territorial.

Une concurrence féroce

Pas facile d’exister au pays des quatre frontières. Quand on est lorrain, on va facilement prendre l’avion au Luxembourg, à Sarrebruck ou à Strasbourg. Voire à Francfort-Hahn, Bruxelles-Charleroi, Baden-Baden ou Mulhouse-Bâle pour les plus téméraires. Face à ces équipements très actifs, Lorraine Airport devra s’employer à préserver ses locomotives que sont les liaisons vers Lyon et l’Algérie, attaquées par la concurrence luxembourgeoise et strasbourgeoise.

Le flop des low-costs

Cela fonctionne partout, sauf à Lorraine Airport. La structure régionale a fait un flop avec MyAir (2007) et raté le coche en refusant RyanAir (1999), puis avec Volotea. Après un ballon d’essai de trois mois avec une liaison vers Nantes (2012-2013), cette compagnie espagnole en pleine expansion a posé sa base à Strasbourg. Accueillir des low-costs relève d’un choix politique fort car il implique un investissement public important, à la limite de la régularité. En Lorraine, personne ne s’y est encore risqué.

Le retour du fret

C’était une des vocations premières de l’équipement. Mais il ne s’est jamais remis du retrait de DHL en 2004.

Pourtant, les atouts sont là : une situation géographique au cœur de l’Europe, la possibilité de développer autour une zone d’activités, la proximité de la ligne ferroviaire à grande vitesse, des hangars et l’ouverture H 24 de la tour de contrôle. Ne manquent que les entreprises ! L’ex-majorité de gauche n’a jamais pris en main le dossier, trop sensible à gérer avec sa frange écolo pas vraiment adepte des vols de nuit.

En faire le 3e aéroport parisien

L’hypothèse de servir de desserte supplémentaire à Orly et Roissy a souvent été évoquée. Mais dès qu’il le peut, Philippe Richert la balaie d’un revers de main, précisant que les aéroports parisiens sont très loin d’arriver à saturation.

Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)