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Les trois caissières avaient volé pour 25 000 euros de marchandises


«Mon copain était au chômage. On a commencé comme ça et on a continué bêtement, jusqu'au jour où on s'est fait attraper», a expliqué une des prévenues au tribunal. (photo d'illustration AFP)

Trois caissières de l’Intermarché de Longuyon et leurs concubins ont volé pour presque 25 000 euros de marchandises. Tous ont fini par régler la douloureuse…Le système était simple : les prévenus passaient les chariots aux caisses tenues par leurs compagnes.

Pour eux, il est l’heure de passer, pour de bon, à la caisse. À la barre du tribunal de Briey, mardi : six jeunes gens, trois couples. De septembre 2014, pour les prévenus les plus impliqués, à mars 2015, les mis en cause ont volé pour quelque 24 750 euros de marchandises au détriment de l’Intermarché de Longuyon.

Le procédé était bête comme chou : les caissières faisaient passer les chariots poussés par leurs compagnons. Ces derniers faisaient semblant de taper le code de leurs cartes bancaires et les employées non-modèles leur remettaient un ticket de paiement. Ni vu, ni connu. Enfin pas exactement. Car la supercherie a fini par être découverte. Forcément, il y avait une différence entre les produits en rayon et les chiffres de la compta. « Vous ne vous doutiez pas que ça allait se voir? », demande un juge à la principale concernée. « Ben non, sinon, on l’aurait pas fait », répond Suzy, 30 ans. Elle et son concubin Djamel sont les principaux acteurs de cette escroquerie. À eux seuls, ils ont détourné pour 16 400 euros de marchandises. La prévenue a fait passer 41 chariots. « Mon copain était au chômage. On a commencé comme ça et on a continué bêtement jusqu’au jour où on s’est fait attraper. » Deux autres de ses collègues, dont les ménages n’étaient pas mieux lotis financièrement assurent-elles, ont suivi. Anaïs et Steven sont accusés d’avoir volé pour 5 450 euros de produits; Laura et Michel, 2 900 euros.

Hausse des prix

Le président Grandame leur fait… une leçon d’économie : « Vous savez comment font les supermarchés quand ils doivent combler un trou dans la caisse? Ils augmentent les tarifs des produits de grande consommation. Il manque 100 000 euros? Ils font en sorte de récupérer ces 100 000 euros en haussant les prix. » En somme, ce sont les clients qui payent pour les voleurs.

Djamel, 28 ans, est singulièrement dans le viseur. Il faut dire qu’il a déjà quatre mentions (vol, port d’arme, violences…) à son casier. « On a fait ça car je me suis fait radier du chômage. Il fallait bien payer les factures. » M e Laurent Lefebvre rit jaune. « Il n’y avait pas que des produits de première nécessité. On a retrouvé des cassettes vidéo, de l’alcool… Certains chariots atteignaient les 700 voire les 1 000 euros » Représentant le magasin, l’avocat demande le remboursement «in solidum» des 24 750 euros.

« Vous savez combien ça peut vous coûter? Cinq ans », enchaîne d’un ton sec la vice-procureur. Elle s’adresse plus particulièrement à Suzy, déjà condamnée une première fois pour avoir utilisé la carte bancaire d’une amie, et Djamel : « Cela donne à cette escroquerie un goût encore plus détestable. » Emily Bandel décerne une « mention spéciale » au couple en requérant trois mois avec sursis pour elle et deux mois ferme pour lui.

M e Carine Mercier vient au secours de Laura et Michel : « Le couple était aux limites du surendettement. Elle était étudiante et travaillait le week-end et pendant les vacances au magasin. » Surtout, l’avocate souligne que ses clients n’ont eu qu’un rôle mineur. « Ils n’ont fait passer que deux chariots pour eux. Les six autres qu’on leur reproche, c’était pour les autres. Ils ont détourné pour 650 euros de marchandises. Ils n’étaient que des petits joueurs. » L’avocate obtient ce qu’elle désirait : le remboursement ne se fera pas solidairement. Pour autant, ses clients doivent restituer 2 900 euros. Et l’autre couple, 5 450 euros. C’est bien sûr Suzy et Djamel qui payent le prix fort : ils devront verser 16 400 euros. Ils sont aussi les plus lourdement sanctionnés en termes de peines de prison : Suzy écope de quatre mois dont deux ferme; Djamel Boutemeur* de 16 mois dont douze ferme. Les deux autres couples sont frappés d’un à deux mois avec sursis.

Grégory Ingelbert (Le Républicain lorrain)

* Les noms sont publiés à partir de 4 mois ferme et/ou un an avec sursis.