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Législatives en Lorraine : En Marche à reculons, le RN bien installé


Laurent Jacobelli réalise son meilleur score à Hayange, où son suppléant, Fabien Engelmann, est maire depuis 2014. (photo Le RL/Armand Flohr)

Entre l’abstention, la percée Nupes et les fondations du RN, le parti présidentiel franchit péniblement ce premier tour à la frontière luxembourgeoise.

Thionville Est, la circonscription des frontaliers et des rurbains, a de nouveau fait confiance à la députée sortante Isabelle Rauch. La représentante de la majorité présidentielle enregistre 32,56 % des suffrages. Un score inférieur de 4 points à celui d’il y a cinq ans, conforme à l’élan moindre à l’échelle nationale. La candidate conserve néanmoins une avance confortable sur ses adversaires. Justement, c’est du côté des poursuivants que le véritable suspense s’est focalisé : revigorée par le résultat de l’élection présidentielle et une intense campagne de terrain, la Nupes emmenée par la socialiste Brigitte Vaïsse a réussi le pari qu’elle s’était fixé : arriver devant le Rassemblement national et se qualifier pour le second tour. C’est chose faite : avec 22,16 % des voix, Brigitte Vaïsse se maintient dans la course et conforte la dynamique retrouvée de l’union de la Gauche.

Pour autant, il s’en est fallu de peu pour que ce scénario n’aboutisse pas. Tout s’est même joué dans un mouchoir de poche puisque Stéphane Reichling, qui portait les couleurs du RN, termine avec 21,66 % des suffrages et seulement 208 voix de retard pour figurer au second tour. C’est à Thionville précisément que l’écart de voix a joué en faveur de la candidate de la Gauche, où elle distance le RN de 947 voix. La 4e place de ce premier tour revient au benjamin de l’étape : Lucas Grandjean, 26 ans, parti avec l’investiture des LR et le soutien de nombreux ténors de la droite. Il réalise 6,80 %. Les huit autres candidats terminent avec moins de 4 % des suffrages.

Depuis Hayange (Thionville ouest), où il a écrasé la concurrence (51,21 % des suffrages), le candidat du Rassemblement national, Laurent Jacobelli, a savouré l’instant. Avant même son départ pour la préfecture et la publication des résultats définitifs, il a compris qu’il ne serait plus rejoint. Arrivé en tête dans la circonscription avec 35,18 % des voix, il devance nettement Céline Léger (Nupes), deuxième avec 27,57 % des suffrages, soit plus de 2 400 voix d’écart. Laurent Jacobelli a aussi assisté à la déroute du député sortant Brahim Hammouche. Le candidat de la majorité présidentielle échoue à la troisième place avec 23,49 %, et ce n’est qu’une demi-surprise. Il subit d’abord le vote sanction des électeurs, qui avaient placé Marine Le Pen en tête au soir du second tour de la présidentielle. Il paie aussi sans doute son ancrage local perfectible, avec peu de soutiens locaux et une image de député distant, éloigné du terrain. Déçu, il a tenté d’expliquer cette faillite : «Il y a eu une entente entre les extrêmes. Ça a été clairement dit, ça a été clairement entendu. Il y a eu un contrat sur ma tête.»

La gauche de retour au premier plan

Ce dimanche, Laurent Jacobelli affrontera donc la candidate de la Nupes, Céline Léger. Il affûte déjà ses flèches : «Nous repartons en campagne dès ce soir. C’est un moment important pour le visage de la République et de la France. Nous devons la sauver de l’extrême gauche radicale, antirépublicaine et antiflics. Nous allons continuer cette campagne de proximité pour convaincre, car le nuage noir, c’est le taux de participation trop faible.»

Les législatives 2017 n’auront donc été qu’un accident pour la gauche, qui s’était jusque-là toujours hissée au second tour. Céline Léger, qui a suivi le dépouillement depuis Fameck, modère son enthousiasme : «C’est une demi-victoire car le Rassemblement national termine haut. On espérait un écart moindre», explique-t-elle. Un écart qui tiendrait, selon elle, du contexte national : «C’est un vote de fâchés et non un vote de fachos…»

Ce second tour réveille de vieilles rivalités dans la circonscription, habituée aux duels gauche-extrême droite. Il revêt cette fois de nombreuses incertitudes puisque le report des voix de Brahim Hammouche aura son importance. Tout comme la participation, qui sera encore scrutée de près…

Christelle Folny et Damien Golini

Ce qu’il faut retenir du 1er tour

– En Lorraine, le RN sort largement en tête des urnes (24,68 %) devant Ensemble (21,06 %) et la Nupes (20,60 %).

– Quelques éliminations sèches, notamment en Moselle. Passent à la trappe d’entrée les sortants Richard Lioger, Brahim Hammouche et Nicole Trisse.

– En Meurthe-et-Moselle, les députés sortants ont été largement plébiscités : Dominique Potier (Divers gauche), Thibault Bazin (LR), Caroline Fiat (Nupes), Xavier Paluszkiewicz (LREM) et Carole Grandjean (LREM).

– L’abstention est encore une fois en légère hausse : 55,60 % en Lorraine (contre 54,19 % en 2017). C’est en Moselle qu’elle est la plus forte (58,78 % pour 57,47 % en 2017).

– Le RN perce encore en Meuse avec les victoires de Brigitte Gaudineau (1re circonscription) et Florence Goulet (2e circonscription).

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