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Incivilités à Thionville : le centre Puzzle « est devenu un squat »


De jeunes éléments perturbateurs prennent Puzzle pour un terrain de jeu depuis son ouverture. (photo RL/Pierre Heckler)

Depuis son ouverture, le pôle culturel Puzzle rencontre un franc succès. Et vit aussi ses limites : samedi dernier, un groupe de jeunes y a semé la pagaille. Face aux incivilités, le personnel se sent désarmé.

Samedi après-midi, un groupe de jeunes a investi le nouveau centre culturel et numérique Puzzle de Thionville pour renverser des étagères et insulter le personnel et les usagers. Un incident qualifié d’ « expédition punitive » par l’adjoint au maire délégué à la culture, Jackie Helfgott. Ce n’est pas le premier incident de ce type depuis l’ouverture du lieu, le 1er octobre dernier.

« Puzzle est devenu un squat. » Ce n’est pas un énième opposant à ce 3e lieu culturel qui s’exprime, mais une personne de la structure. Comme tous ceux et celles travaillant ici au quotidien, cette personne gardera l’anonymat. Pour tous, les débordements de samedi ont été mal vécus. Pour cause : plusieurs dizaines de jeunes sont venues montrer les muscles, bousculant des étagères, des livres, vociférant des insultes. Sur le coup, les employés ont même évoqué le fait de faire valoir leur droit de retrait.

Ouvert depuis deux mois seulement, Puzzle, aussi formidable soit-il, montre ses limites. « Il est arrivé que l’on soit parfois à un cheveu que ça dérape. Le climat est tendu, mais l’équipe croit au projet, maintient notre témoin. On passe énormément de temps à assurer le service public. 1 500 personnes transitent par là chaque jour. On n’est pas là pour donner des avertissements. Assurer le rôle de gendarme n’est pas notre métier. Je peux dire qu’aujourd’hui, nous sommes désarmés. La situation nous échappe. »

« La situation devient lourde à gérer »

C’est exactement ce qu’a ressenti Sophie, une maman venue avec ses deux enfants, samedi, lorsque les choses se sont à nouveau envenimées. Selon elle, les employés présents « ont réussi à canaliser le groupe vers la sortie, dans l’urgence. Mais je pense que ce n’est pas leur rôle. Et que ce n’est pas normal d’avoir ici la présence d’un service de garde ou de police. À un moment, ils vont craquer. Il y a un réel problème, qui risque peut-être de décourager les usagers. Puzzle n’est pas estimé à sa juste valeur. Il faut que la solution arrive vite. »

« À chaque fois, les faits d’incivilités et les problèmes de comportement ont été remontés à la hiérarchie », reprend notre témoin anonyme. Des faits qui sont arrivés dans les jours suivant l’inauguration de Puzzle. « On a tellement dit que les jeunes devaient s’approprier le lieu, c’est ce qu’ils font. Sauf que ce n’est pas de la meilleure des manières », indique un autre témoin de l’équipe interne. « Depuis le début, le problème avec certains jeunes, c’est qu’ils n’ont pas les codes culturels pour trouver leur place dans ce lieu-là. » Au final, pour l’équipe de Puzzle, « la situation devient lourde à gérer ». Et l’impression de devoir assumer coûte que coûte se fait sentir. « Il faudrait peut-être que les décideurs politiques s’approprient un peu ce lieu, même si on est conscients que l’héritage n’est pas simple. »

Face aux premières dérives signalées début octobre (des canapés devenus espaces de pique-nique, du mobilier et des manettes de consoles de jeux vidéo détériorés, un chahut incontrôlable…), la seule réponse des élus a été de mettre un service de sécurité à l’entrée. Pas du répressif, du dissuasif. Visiblement insuffisant.

Emmanuel Correia (Le Républicain Lorrain)

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